AG des actionnaires d’Orange 2020 : nos questions écrites

par Hélène Marcy le 13/05/2020

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Photo NeONBRAND viaUnsplash

Comme le prévoit le Code de Commerce, tout actionnaire peut poser des questions écrites jusqu’au quatrième jour ouvré précédant la date de l’Assemblée générale. La date limite pour cette année est donc le 13 mai 2020 à minuit (voir notre billet précédent pour les modalités pratiques). Les réponses du Conseil d’administration seront publiées sur le site www.orange.com, dans la rubrique dédiée à l’AG 2020. Cette année, l’AG des actionnaires se déroulant à huis clos, les traditionnelles questions orales ne peuvent être posées. Orange met à votre disposition une plate-forme de recueil de questions, auxquelles le Président répondra en séance « dans la mesure du possible ».

Vous trouverez ci-dessous les questions écrites posées en vue de l’Assemblée générale des actionnaires du 19 mai prochain par :

  • l’ADEAS et la CFE-CGC Orange ;
  • le Conseil de surveillance du FCPE Orange Actions, au nom de l’ensemble des personnels actionnaires détenant leurs actions dans le PEG.

Réseaux

5G

5G : les enchères sont repoussées par l’Arcep, « en juillet ou en septembre ».

  • Peut-on d’ores et déjà évaluer l’impact sur les investissements et le calendrier de déploiement en France pour Orange ?
  • Quels sont les éventuels impacts financiers à date en termes de CAPEX et de CA pour 2020? 
  • La crise du coronavirus remet sur la table un certain nombre de questions quant à la Responsabilité Sociétale d’Entreprise et à l’intérêt de développer toujours plus de nouvelles technologies. Alors que la 4G a tenu ses promesses, n’est-il pas plus pertinent de se concentrer sur le « new deal » et le comblement des zones blanches que de déployer la 5G ? Les objectifs et le calendrier prévisionnel d’Orange sur la 5G seront-ils modifiés ?

Fibre

Quels sont les impacts de la crise du covid-19 sur les déploiements FTTH  dans les pays où Orange en déploie, notamment la France et l’Espagne :

  • nombre de nouvelles prises prévues / réalisées en janvier, février, mars et avril 2020 ?
  • nombre de nouveaux abonnements fibre grand public prévus / réalisés pour les mêmes 4 mois ?
  • sera-t-il possible de combler les retards de déploiements comme demandé par l’ARCEP (régulateur des télécoms) et de vente sur 2020 ? Avec quel plan d’action ?
  • les déploiements fibre pendant la crise du covid-19 coûtent-ils plus cher qu’en temps normal ? (coût unitaire en temps normal / coût unitaire en temps de crise sanitaire)
  • les sous-traitants déployant la fibre (déployant le réseau fibre et intervenant sur le raccordement client) pour le compte d’Orange ont-ils pu travailler pendant le confinement ? si oui, dans quelle proportion par rapport aux périodes d’avant crise sanitaire ? a-t-on des perspectives de calendrier de retour au fonctionnement nominal ?
  • le recours massif à la sous-traitance sur l’ensemble du processus de déploiement de la Fibre, des enquêtes d’amont à l’installation finale chez le client, qui impliquent des sous-traitants différents à chaque étape, ne constitue-t-il pas un lourd handicap pour continuer à déployer pendant des périodes de crise (sanitaires ou autres) et pour remettre les chaînes de production en route après une période d’interruption ou de fortes perturbations ? Quelles sont les réflexions des dirigeants d’Orange sur ces questions ? Avez-vous réalisé des comparatifs en coûts complets, incluant les situations de risques, entre la gestion par des personnels Orange et la gestion en sous-traitance ? Envisagez-vous de réviser votre politique de sous-traitance suite à cette crise sanitaire ?

Propriété des réseaux

La crise sanitaire a démontré à quel point nos réseaux étaient importants, validant les investissements importants qui y ont été consacrés ces dernières années. En parallèle, l’annonce d’un projet de filialisation de nos tours en décembre, avec une diminution potentielle de la part détenue par Orange,  n’a eu aucun impact positif sur le cours de l’action, au contraire. Enfin, on peut s’interroger sur notre capacité à piloter les réseaux à l’optimum, notamment en période de crise, s’ils n’étaient plus à 100% la propriété d’Orange.

  • La crise du covid-19 remet-elle en question le projet de céder une partie de nos tours ?

Stratégie financière

Stratégie d’endettement en période de crise

Orange continue à s’endetter dans un contexte de crise : un nouvel emprunt obligataire pour 1,5 Mds€ a été lancé le 1er avril, avec des coupons de 1,250% à 1,625%.

  • Quelle est la cohérence de cette politique d’endettement alors qu’Orange, au contraire de nombreuses grandes entreprises nationales, continue de verser un dividende en 2020 ?
  • Orange rétribue in fine ses prêteurs et ses actionnaires. N’aurait-il pas été plus judicieux de préserver le cash (i.e. ne pas verser de dividende en 2020) face à l’incertitude que fait porter la crise sanitaire ?

Stratégie et cours de l’action

On a pu constater qu’à l’annonce de la stratégie 2025, les investisseurs ont manifesté une défiance (le cours de l’action a dévissé instantanément). Quelles sont les réponses et les inflexions données à cette stratégie pour les convaincre et soutenir le cours de l’action ?

L’annonce d’une baisse du dividende versé en 2020 compte tenu de la crise du covid-19 n’a en revanche pas altéré le cours de l’action Orange, alors que la politique de dividende a toujours été affichée comme une action de défense du cours. La Direction d’Orange maintient-elle cette vision qui apparaît démentie par la réalité du cours ? 

Versement de dividendes et politique menée dans les filiales

Si, dans le cadre de la crise sanitaire, il n’y a pas eu de recours au chômage partiel en maison mère et dans les filiales françaises détenues à 100% par le Groupe, il n’en va pas de même dans toutes les filiales françaises. Business & Décision et Orange Bank recourent à l’activité partielle. La mise en œuvre de ce dispositif apparaît incompatible avec les recommandations concernant le versement de dividendes, émanant du Gouvernement à l’adresse des grandes entreprises, et de la BCE en direction des établissements bancaires. 

  • Comment la Direction d’Orange justifie-t-elle de verser un dividende en 2020, en totale contradiction avec ces recommandations, alors même que l’Etat français est son premier actionnaire, et que les personnels, second actionnaire d’Orange, ont clairement exprimé leur demande de suspension des dividendes.

Stratégies de développement

Stratégie d’innovation

Différents analystes prévoient déjà que les GAFAM (Google, Microsoft, Amazon notamment) pourraient être les grands gagnants de la crise sanitaire et des confinements mondiaux. Les usages de leurs services, tant BtoB que grand public ont explosé, et certaines de leurs lignes de revenus ont augmenté.

A contrario, Orange est apparue singulièrement absente dans le domaine des services applicatifs à valeur ajoutée : visio-conférence (c’est Zoom qui émerge), télémédecine (Doctolib a pris le leadership), cloud sécurisé (Amazon est toujours très présent), outils collaboratifs (même les collaborateurs d’Orange demandent le déploiement d’Office 365 et de Teams).

Orange a-t-elle une stratégie pour se positionner sur ces segments de marché ?

  • Quel rôle entend-elle jouer pour contribuer à la souveraineté numérique de la France ou de l’Europe ?
  • Quels moyens déploie-t-elle pour assurer sa présence sur ces segments, et trouver des relais de croissance sur les services ?

Stratégie de diversification

Les orientations stratégiques sont-elles remises en cause ou enrichies par l’expérience acquise durant la pandémie en cours ? De nouveaux segments d’activités pertinents , ou le renforcement sur certaines activités- pour Orange ont-ils été identifiés à cette occasion ? Quelles pourraient être les opportunités pour Orange ?

Stratégie internationale

Bien que le Groupe Orange se soit internationalisé, la part de la France dans le chiffre d’affaires reste assez stable (et majoritaire) depuis plusieurs années. On peut noter un « frémissement » dans la zone AMEA, dont on espère qu’il ne sera pas balayé par la crise sanitaire.

Quelles actions sont prévues pour poursuivre et renforcer le développement international d’Orange ?

Responsabilité sociale et sociétale

RSE et engagements environnementaux

Il apparait qu’un important lobbying pousse le gouvernement et la commission européenne à revoir leurs règlementations et leurs objectifs en matière de lutte contre le réchauffement climatique. En France, le Medef et l’AFEP (Association françaises des entreprises privées), notamment, réclament des assouplissements et le report des échéances dans plusieurs domaines comme par exemple la réduction des gaz à effet de serre.

L’AFEP indique que ces règlementations peuvent freiner la reprise économique. Elle a adressé au gouvernement une note confidentielle demandant la suspension de plusieurs réglementations récentes constituant une avancée en matière de préservation de  l’environnement.

  • La Direction d’Orange a-t-elle joint sa voix à  ce lobbying patronal pour demander un report de certaines mesures, ou  au contraire, s’en dissocie-t-elle ?
  • Les objectifs du plan ENGAGE 2025 en matière de réduction de notre empreinte carbone sont-ils remis en cause suite à la crise sanitaire ? Si oui dans quel sens ?
  • La crise du coronavirus aura-t-elle un impact sur les émissions de CO² d’Orange ? Nos émissions seront-elles augmentées ou diminuées en 2020 ?

RSE et engagement sociétaux

Dans le cadre de la loi PACTE, Orange se dote d’une raison d’être, qui précise sa contribution au progrès social et environnemental : « Orange est l’acteur de confiance qui donne à chacune et à chacun les clés d’un monde numérique responsable ». Comment faire bénéficier de notre contribution au progrès social « chacune »  et « chacun » à l’heure où la crise sanitaire révèle l’ampleur de la fracture numérique ?

En France, 21% de la population de plus de 15 ans n’est pas en capacité de communiquer via internet et  17% n’a aucune compétence numérique et ne dispose d’aucun équipement adapté (accès internet, smartphone, ordinateur). Le Ministère français  de l’éducation estime que 5 à 8% des élèves auraient été perdus par leurs professeurs pendant la période du confinement qui imposait l’enseignement à distance via des moyens numériques.

Quelles actions sont envisagées pour relever le challenge et que l’expression « à chacune et à chacun » s’inscrive dans la réalité de notre société ?  

Politique d’implantation géographique et d’aménagement des locaux

La crise du coronavirus met en exergue plusieurs difficultés en lien avec la politique d’implantation et d’aménagement des locaux d’Orange, qui suscitent régulièrement l’inquiétude et le rejet par les personnels.

Actuellement, plus du tiers des effectifs du Groupe en France est concentré en Ile-de-France, plus particulièrement dans le sud de la région (Issy, Villejuif, Arcueil, Châtillon), sans pour autant être en proximité des clusters régionaux ou nationaux d’innovation. Cette concentration se poursuit inexorablement, asséchant les bassins d’emplois en région, assèchement renforcé par le regroupement deux par deux des Directions Opérationnelles régionales intervenu en 2019. Dans les régions, la politique immobilière d’Orange tend à concentrer les personnels sur des « campus » en périphérie des grandes villes. Cette politique conduit à un allongement régulier des temps de trajet domicile / travail, déjà délétère pour la productivité des personnels en temps normal, et qui pose des problèmes de sécurité sanitaire quasiment insolubles en période de pandémie.

Parallèlement, la politique immobilière de l’entreprise concentre les personnels sur des sites de plus en plus peuplés, où les m² disponibles par personne sont en constante diminution, tandis-que les open-spaces et le « flex desk » deviennent la règle. Pourtant, de plus en plus, les experts s’accordent pour dénoncer l’impact négatif de ces aménagements, en termes de conditions de travail et d’effets induits sur la santé des salariés, lesquels se plaignent régulièrement de ces aménagements. En période de pandémie, ils s’avèrent également très problématiques : ils interdiront de facto la présence de la totalité des effectifs sur les sites Orange tant que le coronavirus circulera.

La Direction d’Orange prévoit-elle de corriger, et comment :

  • sa politique d’implantation géographique, et notamment de cesser la concentration des effectifs en Ile-de-France ?
  • sa politique d’aménagement des bureaux, pour qu’ils soient à la fois plus confortables pour travailler et plus adaptables en cas de risque sanitaire, puisqu’on nous prédit déjà que cette crise ne sera pas la dernière ?
  • sa politique de télétravail sachant que certaines grandes entreprises ont d’ores et déjà annoncé faire du télétravail leur mode de travail normal avec 1 à 1,5 j par semaine de présence sur site (PSA par ex) ?

Questions posées par le Conseil de Surveillance du fonds Orange Actions

Le fonds rassemble toutes les actions détenues par les personnels d’Orange au sein du PEG. Son Conseil de surveillance est élu par les personnels actionnaires et vote en leur nom à l’AG.

LTIP (Long Term Incentive Plan) dédié aux dirigeants

Au regard de la crise sanitaire exceptionnelle, la Direction d’Orange a utilisé les ordonnances gouvernementales pour imposer 6 RTT à l’ensemble de ses salariés en période de confinement, et pouvant aller jusqu’à 10 RTT d’ici à la fin de l’année. Or l’activité de l’entreprise ne s’est jamais arrêtée et les salariés d’Orange, en télétravail comme sur le terrain continuent de s’investir, et beaucoup travaillent pendant leurs jours de RTT imposés, alors même que des interrogations se font jour sur le maintien de leur rétribution variable.

Dans ce contexte, la résolution 19 prévoit un nouveau plan d’attribution d’actions gratuites aux mandataires sociaux et cadres dirigeants d’Orange. Le Conseil d’administration n’a pas souhaité amender les critères d’attribution, comme cela a été demandé par le conseil de surveillance Orange Actions représentant les personnels actionnaires, lequel propose une résolution alternative (résolution C) pour intégrer davantage de critères sociaux dans ce LTIP. Notons qu’aucun engagement ferme sur l’organisation d’une AGA ou d’une ORP à destination de l’ensemble des personnels n’est pris, en parallèle du LTIP des dirigeants, qui est reconduit chaque année, pour la quatrième fois consécutive. Pour rappel, la dernière AGA destinée aux personnels date de 2017, et la dernière ORP de 2016.

Le LTIP triennal renouvelé chaque année concerne les mandataires sociaux et environ 2000 cadres dirigeants de l’entreprise. Pouvez-vous nous indiquer précisément :

Pour le LTIP 2017-2019 :

  • le taux d’atteinte des objectifs (montant du cash-flow organique et évolution relative du Total Shareholder Returns (TSR) par rapport au TSR du secteur des télécommunications)
  • le nombre d’actions distribuées aux 3 mandataires sociaux
  • le nombre d’autres bénéficiaires du plan et le nombre moyen d’action qui leur a été distribué
  • ces actions ont-elles été achetées sur le marché ou s’agit-il d’émissions nouvelles ? En cas de panachage, merci d’indiquer la proportion de chaque type d’action
  • le montant total, en euros, de la distribution qui a eu lieu le 20 mars 2020.

Pour les 3 LTIP suivants (2018-2021, 2019-2022, 2020-2023), nous souhaitons connaître :

  • le nombre d’actions prévues respectivement pour les mandataires sociaux et les autres bénéficiaires en cas d’atteinte des objectifs
  • le nombre total de bénéficiaires prévu

Dividendes versés au titre des résultats 2019

Suite aux injonctions des pouvoirs publics, avec un Etat premier actionnaire d’Orange en détenant 23% du capital, le ministre de l’économie a fortement incité à une modération, voire suspension de tout versement de dividende en 2020 .Le personnel d’Orange, par la voix des organisations syndicales représentatives chez Orange, a également demandé que tout versement de dividende soit suspendu en 2020. Notons enfin que même certains fonds d’investissements ont fait savoir qu’ils étaient favorables à la suspension du dividende en 2020, pour préserver les capacités économiques des entreprises en sortie de crise, particulièrement celles qui, comme Orange, sont des valeurs jugées comme sûres, de « fond de portefeuille ».

Cependant, le Conseil d’administration d’Orange s’est prononcé le 16 avril pour une simple baisse, à 0.50€ / 0.70€ par action, matérialisée dans la résolution 3, actant une baisse de 30% .Il était trop tard pour que le Conseil de Surveillance Orange Actions puisse proposer une résolution alternative permettant de ramener le dividende versé au titre des résultats 2019 à 0.30€ / action, montant de l’acompte versé en décembre 2019.

Dans le contexte économique général particulièrement incertain, il apparaît cependant prudent et pertinent de préserver les capacités de financement de l’entreprise pour continuer à investir et faire face aux conséquences de la crise sanitaire.

En conséquence, nous souhaitons savoir ce qui a motivé la décision de verser un dividende de 0.50€ par action, avec 0.20€ de solde en juin 2020 ? N’était-il pas possible de faire appel à une plus grande solidarité de la part des actionnaires ?

Acompte sur dividende versé au titre des résultats 2020

Dans un contexte de crise économique mondiale exceptionnelle, les conseils d’administration doivent faire preuve de vigilance et de prudence pour préserver l’intérêt social de leur entreprise. Ayant une visibilité à très court terme au regard des indicateurs économiques et financiers pour cause de « shut down »mondial lié à la crise du Covid -19, le conseil de surveillance regrette que le conseil d’administration s’octroie la possibilité de versement d’un acompte sur dividendes dès 2020.

En effet, la résolution 23 prévoit d’ores et déjà la possibilité d’un paiement d’acompte sur le dividende 2020, avec une possible option entre un paiement en numéraire ou en actions.

Doit-on en conclure que le choix est déjà fait de poursuivre la politique de versement d’un acompte sur dividende dès le mois de décembre 2020, au risque de mettre en danger le niveau nécessaire de « cash-flow » de l’entreprise pour 2021 ?

Question sur le Say on Pay

Pendant la période de crise du coronavirus, des dirigeants de grandes entreprises ont annoncé qu’en solidarité avec leurs personnels, ils diminueraient leur rétribution. Qu’en est-t-il chez Orange ?

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