Pendant que nous tentons de défendre notre système de retraite par répartition (consultez la une de la CFE-CGC Orange pour tout savoir sur les mobilisations), Le Monde fait le point sur l’épargne retraite. Les publications de la DREES et de la DARES (liens en fin de billet) permettent en outre d’approfondir tant la question des retraites et des retraités que celle de l’épargne salariale.
La retraite par capitalisation se développe, en parallèle de la retraite par répartition…
Selon Le Monde « Le système de retraite par capitalisation s’installe, discrètement, dans les pratiques en France », à la faveur notamment des réformes successives du régime par répartition, qui ont diminué le taux de remplacement du salaire par la pension de retraite, tandis que de nouveaux produits d’épargne retraite se sont développés, souvent « poussés » par des incitations fiscales significatives.
Selon les différents acteurs interrogés, il est difficile de dire quel système, de la répartition ou de la capitalisation, est le plus rentable : cela dépend notamment du niveau d’inflation, de la démographie, mais aussi des supports d’investissement de votre épargne retraite et du moment où vous en sortez, qui peuvent sensiblement changer la donne.
… essentiellement pour les plus aisés
Dans un second article, le Monde souligne que « Le plan d’épargne-retraite, [est] un avantage fiscal pour les personnes à hauts revenus ».
La déduction des versements du revenu imposable est en effet régulièrement mise en avant, constituant souvent un bon appât.
Il faut cependant prendre garde à plusieurs éléments avant de souscrire un contrat :
- La déduction des revenus imposables n’est qu’un différé d’impôts (voir notre fiche pratique sur le PER) : ce qu’on ne paie pas à l’entrée, on le paie à la sortie, éventuellement moins cher si son taux marginal d’imposition a diminué par rapport à celui qui s’applique pendant sa vie active.
- Le PER est un produit « tunnel » : on en sort qu’une fois l’âge légal de la retraite atteint, sauf achat de la résidence principale et accidents de la vie permettant un déblocage anticipé. Il faut donc avoir en parallèle de l’épargne déblocable à plus brève échéance pour nourrir ses projets ou faire face aux imprévus.
- Les frais des PER individuels prélevés par les assureurs et/ou les sociétés de gestion peuvent plomber la rentabilité du contrat pour le souscripteur, en particulier en période de taux bas, ou si les supports de placement ont été mal choisis. Or, le calcul n’est pas toujours simple à réaliser, et la comparaison entre les différents produits est complexe.
Notons pour finir que si l’un des arguments mis en avant par le gouvernement lors de la mise en place des nouveaux Plan d’Epargne Retraite (PER) était le financement des entreprises françaises et européennes par l’épargne des Français, selon Le Monde « Le sujet est paradoxalement absent des rapports du comité de suivi et d’évaluation de la loi Pacte. »
Chiffres repères
- Nombre d’adhérents à un produit de retraite supplémentaire : 14,3 millions fin 2020 (pour environ 28,4 millions de travailleurs cotisant au régime de base) – en hausse de 4,5 millions / 2010
- Total investi en épargne retraite : 280 Mds€ en mars 2020 (219 Mds€ en 2016)
- Pensions versées en 2021 : 7,6 Mds€ pour les retraites supplémentaires, soit 2,25% du montant versé par les régimes de retraite obligatoires par répartition, qui ont versé 338 Mds€
- Croissance de la collecte de l’épargne retraite : 20 Mds€ en 2021, soit 5,8% des cotisations aux régimes de retraite obligatoires par répartition. + 27% / 2020
Nouveau PER issu de la Loi Pacte :
- 6 millions de souscripteurs mi 2022
- 70 Mds€ d’en cours, dont 43,6 pour les PER individuels et 26,4 pour les PER d’entreprises
- 80% des en cours sont issus de transferts des anciens produits individuels et collectifs vers le nouveau PER
- 25% des salariés du privé (hors agriculture et particuliers employeurs) ont accès à un PER Collectif, mais essentiellement dans les grandes entreprises (- de 7% dans les entreprises de – de 50 salariés, + de 55% dans les entreprises de 1000 salariés et +)