Un management « dévoyé » de l’entreprise

par Hélène Marcy le 01/10/2009

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Dépêche AP du 1er octobre, relayée par le Nouvel Obs :

Jeudi matin dans un communiqué, l’Association pour la défense de l’épargne et de l’actionnariat des salariés de France Télécom-Orange (ADEAS), dont les membres détiennent ensemble 4% du capital, a réclamé de la part de la direction un « capitalisme à visage humain ». L’association fédère les salariés actionnaires.
L’ADEAS demande notamment à la direction « la baisse immédiate du niveau des dividendes, qui saignent actuellement l’entreprise, au détriment de l’investissement et du désendettement », « l’arrêt de la distribution de stock-options, qui a dévoyé le management de l’entreprise » et « l’arrêt d’une politique uniquement basée sur la réduction des coûts, où les personnels ne sont plus considérés que comme une charge ».

Les responsabilités de l’Etat

Selon l’Adeas, l’État doit « prendre toutes ses responsabilités » et « légiférer sans attendre pour interdire les délocalisations à tous les opérateurs exploitant des ressources appartenant au patrimoine national ».
Il doit aussi, selon l’association, « mettre en place un cadre réglementaire stable et réaliste pour le déploiement de la fibre, assurant aux entreprises qui prennent le risque d’investir qu’elles ne seront pas pénalisées », et « légiférer pour interdire les attributions de stock-options, qui constituent aujourd’hui une part disproportionnée dans les revenus des dirigeants d’entreprises ».

Pour un capitalisme à visage humain !

par Hélène Marcy le 01/10/2009

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L’ADEAS (Association pour la Défense de l’Épargne et de l’Actionnariat des Salariés de France Télécom-Orange) représente et défend les intérêts des personnels actionnaires du Groupe France Télécom.

Rappelons que tous les personnels du groupe sont actionnaires et qu’ensemble ils détiennent 4% du capital (deuxième actionnaire derrière l’État). Face au contexte dramatique, l’ADEAS entend donc manifester son entière solidarité avec les salariés de l’entreprise, et rappeler que la priorité doit être accordée au véritable capital, le capital humain : les hommes et les femmes qui font l’entreprise dans le long terme.

L’ADEAS demande à la Direction de France Télécom de prendre la pleine mesure de ses responsabilités. Les salariés actionnaires attendent des gestes forts, qui permettent de tourner le dos à une logique de court terme, au profit d’un vrai projet industriel et collectif. Elle demande :

– La baisse immédiate du niveau des dividendes, qui saignent actuellement l’entreprise, au détriment de l’investissement et du désendettement.

– L’arrêt de la distribution de stock-options, qui a dévoyé le management de l’entreprise : les yeux rivés sur les cours de bourse, les plus hauts dirigeants en sont devenus incapables de piloter l’entreprise en tenant compte du facteur humain.

– L’arrêt d’une politique uniquement basée sur la réduction des coûts, où les personnels ne sont plus considérés que comme une charge, et qui abîme l’image de notre entreprise. Il faut au contraire permettre aux équipes de mettre en œuvre une offre de qualité, au bénéfice du service rendu à la clientèle.

– La reprise de l’investissement dans les réseaux du futur, tels la fibre, afin que l’entreprise reste au top niveau de la technologie et puisse préparer les services de demain qui assureront sa pérennité.

L’ADEAS demande également à l’État de prendre toutes ses responsabilités dans l’organisation d’un marché des télécommunications qui profite à l’intérêt national, et notamment de légiférer sans attendre pour :

Interdire les délocalisations à tous les opérateurs exploitant des ressources appartenant au patrimoine national, telles que les fréquences radios mises en concession au travers des licences 3G.  Si une telle mesure s’applique à l’ensemble des opérateurs, il n’y aura pas distorsion de concurrence. Cela permettra en revanche de retrouver 15 à 20 000 emplois en France, particulièrement nécessaires en période de crise.

Mettre en place un cadre réglementaire stable et réaliste pour le déploiement de la fibre, assurant aux entreprises qui prennent le risque d’investir qu’elles ne seront pas pénalisées. Il faut permettre à France Télécom de faire ce qu’il a fait pour le déploiement de l’ADSL, et calquer l’organisation du marché de la fibre optique sur un modèle similaire. Ce nouveau réseau doit se mettre en place pour plusieurs décennies, il sera une infrastructure essentielle pour l’économie française : il ne doit donc pas être considéré comme le terrain d’expérimentation de modèles hasardeux.

Légiférer pour interdire les attributions de stock-options, qui constituent aujourd’hui une part disproportionnée dans les revenus des dirigeants d’entreprises, et qui peuvent s’avérer aussi toxiques que les bonus des traders pour la pérennité des entreprises.

L’ADEAS milite pour un capitalisme à visage humain, où les bénéfices sont véritablement partagés entre les salariés et les actionnaires, où la stratégie industrielle garantissant la pérennité de l’entreprise prend le pas sur les stratégies financières de court terme.

Si on tue la poule, il n’y aura plus d’œufs !

Conseils d’experts en gestion de portefeuille

par Hélène Marcy le 25/09/2009

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Dans Les Echos de ce jour, quatre experts de la gestion de portefeuille boursier présentent leurs valeurs préférées.

Citations :

Didier Bouvignies,   responsable de la gestion chez Rothschild & Cie Gestion :

« Pour mes valeurs favorites, je donnerai France Télécom et Sanofi, car il y a du rendement et le risque est faible. » […]« En dernier lieu, j’évoquerai Air France, car le groupe a pris la mesure de la nécessité de réduire ses coûts. »

Arnaud Tourlet,   gérant actions françaises chez HSBC Private Wealth Managers

« Je citerai enfin une mid-cap : Teleperformance, leader mondial des centres d’appels. L’entreprise est bien gérée, elle n’a pas de dettes. C’est une entreprise de croissance. Elle fait régulièrement des acquisitions et ouvre des centres d’appels dans des pays où la main-d’oeuvre n’est pas chère. C’est une entreprise qui dégage beaucoup de “free cash-flow” et qui se paie un peu moins de dix fois les bénéfices. «

France Télécom doit proposer un nouveau « contrat social » après 22 000 suppressions d’emplois et 23 suicides,  Téléperformance est en plein plan social, Air France annonce un plan de « départ volontaire » de 1500 personnes.

Mais sur le marché des actions, « tout va très bien, Madame la Marquise »…

En tant que salariés actionnaires, nous ne pouvons qu’être effarés d’un tel cynisme.

Régie de France Télévisions: France Télécom intéressé?

par Hélène Marcy le 31/08/2009

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Source :  Challenges – 31.08.2009

Si la direction de France Télécom s’est refusée à tout commentaire, France Télévisions a elle confirmé avoir lancé une consultation sur l’ouverture du capital de sa régie publicitaire.

France Télécom pourrait acquérir 30 à 40% de la régie de France Télévisions, a-t-on appris lundi 31 août auprès du syndicat CFE-CGC-Unsa de France Télécom, qui a demandé des explications au P-DG, dans un courrier dont l’AFP a obtenu copie.
Après l’annonce, le 28 août, du rachat par France Télécom de la société Unanimis, présentée comme « le plus grand réseau exclusif de publicité numérique au Royaume-Uni », la CFE-CGC-Unsa « a fortuitement appris que le groupe France Télécom Orange était retenu en ‘short list’ pour prendre une participation de 30 à 40% dans la régie publicitaire France Télévisions Publicité », explique le syndicat dans sa lettre à Didier Lombard.
Si la direction de France Télécom s’est refusée à tout commentaire, France Télévisions a elle confirmé avoir lancé une consultation sur l’ouverture du capital de sa régie publicitaire.

Cap sur la pub

Pour le syndicat, « une telle prise de participation serait de nature à bousculer largement l’activité de notre Réseau Orange Network Advertising, en France particulièrement ». Il s’étonne donc « que France Télécom n’ait pas informé ses salariés de son intention de faire une proposition ferme d’acquisition ».
La CFE-CGC-Unsa demande ainsi au P-DG de « bien vouloir informer le Comité central dans les meilleurs délais » de « ces deux acquisitions qui infléchissent la stratégie de notre entreprise » et « génèreront des sorties de cash dont les conséquences opérationnelles sont loin d’être neutres ».
L’Association de défense de l’épargne de l’actionnariat des salariés (Adeas) se joint à cette demande « d’explications ».
France Télécom a annoncé vendredi le rachat d’Unanimis, régie britannique spécialisée dans la publicité de marques sur internet, pour un montant qui n’a pas été précisé. Le directeur d’Orange Publicité avait précisé vendredi à cette occasion que le rachat « contribuerait à servir l’ambition globale du groupe qui a annoncé sa volonté de faire croître le chiffre d’affaires de ses nouvelles activités de croissance -dont la publicité est un axe majeur- de 9 à 20% entre 2008 et 2012 ».

Informations et analyses syndicales

par Hélène Marcy le 28/07/2009

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Sites du syndicat CFE-CGC/Unsa pour le Groupe France Télécom

Le Blog du Cercle de réflexion télécoms & média de la CFE-CGC/Unsa décrypte l’actualité des télécommunications et des médias, en lien avec les enjeux de pouvoir qu’ils représentent dans l’économie contemporaine. Vous y trouverez notamment une analyse de la stratégie du Groupe France Télécom, en France et à l’international, et des propositions pour la mise en place d’un cadre réglementaire équilibré :

Orange Success : l’ORP qui a déclenché la création de l’ADEAS…

par Sébastien Crozier le 06/02/2009

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Comme le prévoit dans la Loi de privatisation de France Télécom, l’État doit, à l’occasion de chaque cession d’actions France Télécom réserver 10% du nombre d’actions pour les salariés. Au mois de juin 2007 l’État avait cédé 5% du capital (130 millions d’actions) à des institutionnels au prix de 20,40 €.  L’Etat était donc dans l’obligation de vendre 14,44 millions d’actions aux salariés avant juin 2008.

Résultat de l’opération :  sur les 14,44 millions actions, près de 11 millions d’actions seront apportés en garantie à la banque Calyon (Crédit Agricole). Cela signifie en réalité que ces actions appartiennent à la banque et non pas aux Salariés.

Les mécanismes d’un montage avantageux… pour le Crédit Agricole !

En décembre 2007, l’Etat a proposé aux salariés de céder les 14,44 millions d’actions au prix de 20,39 €.

Pour inciter à l’achat de ces actions (Orange Success), l’entreprise proposait principalement deux formules dans le PEG (Plan d’Epargne Groupe) :

  • l’une (PEG Classique) avec abondement où les salariés bénéficiaient d’une action gratuite pour une ou deux actions achetées, dans la limite de 201 actions gratuites par salarié
  • l’autre, dite à « effet de levier » (PEG Multiple Garanti) dans laquelle les salariés pouvaient acheter 11 actions tout en bénéficiant de 11 actions gratuites et 198 par financement de Calyon (les 220 restent la propriété de Calyon pendant la durée de l’opération).

Les salariés confiants dans l’avenir de l’évolution du cours boursier de l’entreprise, ont massivement répondu à cette offre. En France, 45% des salariés ont souscrit. Au total les salariés ont déclaré être prêts à apporter 300 millions d’euros pour acheter des actions.

C’est une demande totale de plus de 29 millions d’actions qui a été exercée par les salariés. La formule à effet de levier (proposée à crédit), a entraîné une souscription du même niveau que l’offre classique provoquant ainsi une sur-souscription à 210%

Il y avait donc lieu à procéder à une réduction de l’offre. Comme indiqué dans les Lois de privatisation de 1986, c’est un arrêté du Ministre qui en fixe les modalités.

Quelle n’a pas été la surprise de la CFE-CGC quand elle a constaté que l’arrêté du Ministre de l’Économie privilégie la formule à effet de levier (PEG Multiple Garanti) au détriment de celle avec abondement (PEG Classique) qui donne lieu à un achat non pas virtuel mais réel des actions par les salariés dans le PEG.

Ainsi, sur les 14,4 millions actions, près de 11 millions d’actions seront apportées en garantie à la banque Calyon.

Il convient de rappeler que dans le cadre de l’offre à effet de levier les salariés ne sont jamais réellement propriétaires des actions France Télécom pendant la durée de l’engagement de 4 ans. A l’issue de l’engagement les salariés doivent vendre leurs actions et rembourser la banque Calyon : ils perçoivent seulement une partie de la plus value réalisée entre le prix de vente et le prix initial de 20,39€. La banque gardant l’autre partie (en moyenne 50%). De plus les 4 dividendes versés (aujourd’hui à 1,20 € par an, soit au minimum 52 millions d’euros sur la durée totale de l’opération) restent acquis à la banque.

Parallèlement, si le  cours progresse régulièrement jusqu’à 30 € en 2012, Calyon gagnera 110 millions d’euros et les salariés 50 millions seulement…

Il est surprenant de constater que l’État préfère favoriser « l’offre à effet de levier » de Calyon, banque privée, et refuser l’épargne (de 300 millions d’euros) des salariés de France Télécom ce qui aurait permis de constituer et renforcer un véritable actionnariat des salariés.

Le choix de l’État de privilégier l’offre à effet de levier proposé par Calyon est en contradiction avec la documentation qui a été diffusée par la Direction aux salariés. Il était indiqué que seule la formule à effet de levier pouvait faire l’objet d’une réduction en cas de sur-souscription mais cela n’était en aucun cas précisé pour l’autre formule avec abondement. La note remise à l’AMF (Autorité des Marchés Financiers) par la Direction n’apporte aucun élément contradictoire.

Notons au passage que le choix par le Ministre de favoriser la formule à effet de levier permet à France Télécom d’économiser l’abondement que l’entreprise aurait du verser (jusqu’à 120 millions d’euros) et d’éviter d’attribuer aux salariés les actions gratuites prévues (1 gratuite pour 4 achetées) en contrepartie d’une conservation des actions pendant 3 ans, en cas de souscription à la formule avec abondement aux salariés.

La CFE-CGC écrit au Ministre du budget et lance une pétition auprès des salariés souscripteurs

La CFE-CGC est choquée de constater que l’État, principal actionnaire de France Télécom favorise outrageusement la banque Calyon au détriment des salariés. C’est contraire à l’esprit des lois de privatisation qui visent à constituer un actionnariat salarial stable. La CFE-CGC dénonce l’attitude de la Direction de l’entreprise et de l’État qui osent se servir des salariés pour un montage financier servant prioritairement les intérêts de l’un des principaux créanciers de France Télécom.

La Direction de l’entreprise a organisé la publicité de ces formules de souscription au travers d’un réseau de salariés désignés comme « ambassadeurs ». Ces salariés sont profondément meurtris d’avoir été instrumentalisés.

N’oublions pas que face au désengagement de l’État, l’actionnariat salarial est le dernier rempart face aux prédateurs. Dans un secteur où la concentration est le mot d’ordre, la capitalisation de France Télécom est faible. Elle est près de moitié inférieure à celle de Telefonica (65 milliards contre 110).

La CFE-CGC a écrit au Ministre de l’Économie. Elle demande au Ministre de modifier son arrêté pour permettre aux salariés de choisir la formule qu’ils souhaitent privilégier. A défaut la CFE-CGC utilisera tous les recours pour faire valoir que les salariés ont été trompés par l’information diffusée par la Direction de l’entreprise.

La CFE-CGC propose aux salariés d’appuyer sa démarche en signant une pétition réclamant une souscription conforme au descriptif de l’AMF.

L’ADEAS se met en place peu après

Un groupe de salariés parmi les pétitionnaires décide de se constituer en association, afin de défendre l’intérêt des salariés actionnaires : l’ADEAS est née.

Le rapprochement avec Teliasonera: un avenir pour France Télécom ?

par Sébastien Crozier le 14/06/2008

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Par Sébastien Crozier – samedi 14 juin 2008 – Agoravox

France Télécom vient d’annoncer une offre amicale depuis plus de 30 milliards d’euros sur l’opérateur finno-suédois TeliaSonera. Début d’une concentration liée aux désengagement des états ? Quelles sont alors les raisons de la chute du cours de bouse de l’action France Télécom ?

Un marché européen et mondial peu concentré

Il existe plus d’une quarantaine d’acteurs en Europe. Le secteur des télécoms n’étant plus le champ réservé des États mais désormais celui des marchés financiers, la concentration au nom de la maximisation de rentabilité du capital est donc inéluctable.

Alors qu’au début des années 2000, France Télécom était le 2e opérateur derrière Deutsche Télécom, il pointe aujourd’hui à la 4e place, dépassé par Telefonica, tant en terme de Chiffre d’affaires (57 contre 53) que de capitalisation boursière (46 contre 85), et Vodaphone.

France Télécom et Teliasonera, deux acteurs qui se connaissent bien

Rappelons pour mémoire que France Télécom et Teliasonera ont eu déjà eu l’occasion de se connaître.

En 2004, suite à l’attribution d’une des quatre licences UMTS à Orange Sverige, devant l’incapacité d’orange à respecter le calendrier, la licence a été cédée à Teliasonera et à Télé2.

La même année, France Télécom s’est désengagé du Danemark au profit de Teliasonera en cédant sa filiale mobile Orange Danemark pour 600 millions d’euros.

Bien que les démentis de France Télécom sur l’existence de discussions se soient succédés, tout au long du mois de mai, des échanges réguliers (et manquant étonnamment de discrétion) ont eu lieu au siège de France Télécom, place d’Alleray, avec des représentants de Teliasonera.

L’échec de la politique de versement d’un dividende élevé

L’affaire, à peine annoncée, ne semble pas bien « bouclée » : les demandes de l’État suédois visiblement négociées à l’avance entraînent une chute des cours de France Télécom qui crée à son tour une moins-value sur les échanges d’actions, elle-même entraînant de nouvelles exigences suédoises dans une spirale « perdant-perdant »…

A l’origine de cette absence de maîtrise ? Une politique de distribution de dividendes qui a conduit à affaiblir durablement la capitalisation boursière (à ce jour 46 milliards d’euros contre 85 pour Telefonica) et la capacité d’emprunt. L’acquisition par 16 milliards d’euros en cash et la mauvaise parité d’échange de titres donne donc raison à l’inquiétude des marchés financiers. Ce qui explique la chute de l’action en bourse.

L’opération de rapprochement avec Teliasonera cristallise l’échec de la politique poursuivie par la Direction de France Télécom et son principal actionnaire, l’État français. En distribuant plus de 8 milliards de dividendes en 3 ans – dans le seul but de satisfaire aux demandes d’un gouvernement anxieux de boucler ses fins de mois budgétaires -, France Télécom a maintenu un endettement et des frais financiers à un niveau élevé.

La CFE-CGC plaide depuis plusieurs années pour le renforcement des fonds propres de l’entreprise. Mais la Direction de l’entreprise obnubilée par le cours de bourse préfère organiser la pénurie du nombre de titres disponibles plutôt que d’essayer de convaincre les marchés par sa stratégie.

Ainsi, elle organise le rachat de ses propres actions. De même les actions d’une valeur de 200 millions d’euros, fictivement distribuées, ont été achetées sur le marché plutôt que créées en augmentation de capital. Il aurait été tout autant possible de payer les dividendes en titre pour augmenter régulièrement le capital. En ne le proposant pas, la Direction oblige les fonds de l’épargne salariale à racheter des titres sur le marché pour utiliser les liquidités issues du versement des dividendes, espérant ainsi provoquer une remontée d’un cours affaibli par le détachement du coupon.

Quel projet industriel ?

Sur le plan industriel, un certain nombre d’éléments plaident pour un rapprochement.

a) Presque aucun recouvrement géographique hormis l’Espagne et la Moldavie. A part ces deux pays, Il n’y aura donc pas de réductions d’effectifs d’importance

b) Un rééquilibrage entre les types de marchés. Les marchés d’Europe occidentale ne progressent plus en terme de pénétration, la valeur se déplace sur les contenus. En Europe de l’Est ou en Asie centrale, la croissance du nombre d’abonnés toujours présente même si le revenu moyen y est encore faible.

c) Des économies immédiates sur le réseau international (backbones). France Télécom pourrait mettre en commun ses infrastructures internationales avec celles de Teliasonera.

d) L’offre « grandes entreprises » sortirait renforcée. L’opération Teliasonera conduirait à des synergies importantes sur le marché des grandes entreprises.

Sur ces deux derniers points, c’est une économie presque immédiate de 100 millions d’euros qui serait réalisée grâce à la remarquable position de la société Equant, filiale à 100% de France Télécom depuis 2005 sur le marché des réseaux internationaux et des services aux multinationales.

Un projet aux nombreuses incertitudes

On aura tout de même noté le désengagement des pays scandinaves en 2004 (cf. ci-dessus) au nom des faibles perspectives de croissance de ces pays.

D’autres incertitudes subsistent.

a) L’extension de la marque Orange se heurterait à la position d’actionnaire minoritaire dans les principaux actifs de Teliasonera (en Russie et en Turquie) empêchant la mise en place des synergies tant attendues. Le conflit actuel opposant France Télécom à Orascom à propos de Mobinil en Égypte est une des illustrations de ces difficultés.

b) En Espagne, la réunion de deux acteurs possédant une licence mobile serait soumise à l’approbation des autorités locales et communautaires de la Concurrence. L’homme le plus riche du monde, Carlos Slim, patron du principal opérateur mexicain Telmex – auquel France Télécom a vendu sa participation à vil prix, il y a quelques années…–, avait, en février 2008, fait part de son désir de racheter Yoigo (l’opérateur mobile de Teliasonera en Espagne). Est-ce que cette demande constitue une opportunité pour France Télécom de se désendetter dès l’acquisition de Teliasonera ?

c) La couverture en Europe occidentale reste insuffisante. L’Allemagne et l’Italie resteraient absentes de la couverture géographique du nouvel opérateur, sans compter les pays Bas dont Orange est sorti. Face à Vodaphone, France Télécom parait bien faible.

d) Des économies réalisées sur le personnel ? France Télécom annonce des synergies dont le chiffrage est évalué à 1% du Chiffre d’Affaires. La moitié de ce gain passe par une réduction des effectifs dans la R&D et le marketing produits. C’est 5 000 emplois qui seront sacrifiés dont au moins 3 000 en France d’ici 2013.

Un changement de nom programmé

Comme l’avait annoncé la CFE-CGC, la Direction de France Télécom a l’intention de faire coter le nouveau groupe à Helsinki et Stockholm. Pour cela elle devra passer la raison sociale France Télécom sous l’appellation unique Orange.

Vers un désengagement des États ?

A l’issue de l’opération, l’État français détiendrait environ 20% du nouvel ensemble, l’État suédois 9% et l’État finlandais 3%.

Manger ou être mangé ? KPN, Deutsche Telekom, Orascom et les autres…

Il existe d’autres options pour France Télécom.

KPN est présent aux Pays Bas et en Allemagne offrant ainsi une complémentarité de couverture pour le déploiement de la marque Orange.

Les dirigeants d’Orascom ont indiqué publiquement il y a quelques mois, être intéressés par prendre une participation dans France Télécom. Orascom est présent en Italie et dans le pourtour méditerranéen, là où France Télécom est absent. L’opération d’échange faite avec une autre filiale de ce consortium spécialisé dans le ciment contre une participation dans Lafarge est une option tout à fait transposable. Les relations personnelles très dégradées entre les dirigeants des deux groupes (cf. affaire Mobinil évoquée plus haut) renvoient cette hypothèse à plus tard.

Récemment la presse allemande a indiqué que le gouvernement allemand était favorable à un rapprochement entre Deutsche Telekom et France Télécom. De capitalisation équivalente et disposant d’implantations complémentaires sauf en Grande Bretagne, il s’agirait d’une fusion entre égaux.

D’autres scénarios sont aussi possibles. Il y dix-huit mois Alfa group, maison mère d’un opérateur russe présent dans les républiques de l’ancienne URSS et fort d‘une capitalisation boursière de plus de 20 milliards d‘euros a indiqué son intérêt pour un rapprochement avec FT.

L’absence de noyau dur et la position des salariés-actionnaires

En l’absence d’autres actionnaires stables, les salariés sont le deuxième actionnaire avec près de 4% du capital.

La faible capitalisation actuelle et l’absence de noyau dur rendent France Télécom vulnérable aux OPA hostiles. Il est pourtant évident que le secteur va connaître une période de concentration.

La CFE-CGC soutient l’ADEAS* dans sa demande à la Direction de France Télécom de prendre toutes les dispositions nécessaires à la protection de l’épargne des salariés. Au regard de la loi Sarkozy autorisant le déblocage anticipé de la participation, suite à la chute du cours de bourse, les salariés ont vu leur épargne disponible fondre de 25% depuis le 1er janvier !

Conclusion

Plus que jamais il apparaît nécessaire que la Direction de France Télécom et l’État répondent aux demandes exprimées régulièrement par la CFE-CGC à savoir :

– la mise en œuvre d’une véritable politique industrielle, seule garantie de la pérennité du groupe France Télécom

l’arrêt de la politique de distribution de dividendes qui affaiblit l’entreprise et sa capitalisation,

le maintien de la participation de l’État, respectueux de ses devoirs d’actionnaire de référence,

la constitution d’un actionnariat solide et stable,

la protection de l’actionnariat et de l’épargne des salariés

*Association de Défense de l’Épargne et de l’Actionnariat des Salariés : 80 000 salariés possèdent des actions France Télécom

France Télécom: actionnaires salariés victimes d’un montage financier?

par Hélène Marcy le 27/01/2008

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Source : Le Blog Finance – 27 janvier 2008

Comme si cela ne suffisait pas … Alors que certaines presses régionales n’hésitent pas à titrer “Banques : faut-il en avoir peur ?”, ces dernières sont de nouveaux mises en cause.

L’opération récemment mise en oeuvre par France Telecom en vue de permettre à ses employés d’acquérir des titres à prix “préférentiel”, dans le cadre d’un plan d’actionnariat salarié, ne semblerait pas dotée de toute la rigueur financière espérée.

La CFE-CGC de France Télécom a ainsi affirmé vendredi que dans le cadre de cette opération, 50.000 salariés actionnaires du groupe sont victimes d’un « montage financier » bénéficiant à la banque Calyon (Credit Agricole), ce dont se défend la direction. Pour rappel, au tout début janvier, la Société Générale et Calyon avaient annoncé le regroupement de leur filiale de courtage respective …

Ironie du sort, cette opération est dénommée “Orange Succes” en interne chez l’opérateur, lequel se glorifie de son succès, nombre de salariés ayant succombé aux charmes des actions abondées

Les actions aux mains de la banque ou d’un FCPE ?

Selon Sébastien Crozier, président de la CFECGC de France Télécom-Orange, sur 14 millions d’actions réservées aux salariés en décembre 2007, près de 11 millions d’actions seront apportées en garantie à la banque mise en cause. « Cela signifie que ces actions appartiennent à la banque et non pas aux salariés », critique la CFE-CGC dans une déclaration écrite dénonçant « un scandale ».

Mais France Telecom, qui dit vouloir mettre en place un « véritable actionnariat populaire« ,  avec une offre qui limite les risques et l’apport personnel du salarié (certes, mais dans tous les sens du terme, le plafond des versements abondés étant relativement faciles à atteindre), assure que les actions seront placées sur un fonds commun de placement d’entreprise, dont les salariés sont co-propriétaires.

« La banque n’est en aucun cas propriétaire des actions pendant la période de détention obligatoire », a indiqué un porte-parole. Dans le cadre de cette opération, et conformément à la législation en vigueur, les titres seront bloqués durant une durée minimum de deux ans, sans aucune possibilité de déblocage anticipé. Par la suite, les actions ne pourront être débloquées qu’après une durée de détention de cinq ans minimum sauf situation exceptionnelle admise pour justifier d’un déblocage anticipé.

Calyon n’a rien à se reprocher selon FT

La banque Calyon (Credit Agricole), partenaire de cette opération, « assure le financement, garantit l’apport personnel, participe à la hausse de l’action et prend tous les risques, donc il est normal qu’elle se rémunère en partageant la plus-value », ajoute France Telecom. J’aimerai tout de même qu’on m’explique plus clairement comme la banque Calyon entend participer à la hausse de l’action. Cela pourrait s’avérer tout de même très intéressant, … pour les salariés … et les actionnaires.

Pour rappel aussi, en janvier 2008, la Société Générale et Calyon ont annoncé le regroupement de leur filiale de courtage respective, via le lancement opérationnel de la nouvelle entité, baptisée « Newedge ». Tiens ! Société Générale ? banque très peu sous les feux de la rampe en ce moment, n’est-il pas ? ….

Détails et justification de l’offre

L’Etat, qui a cédé 5% de son capital dans France Télécom en juin 2007, était dans l’obligation de réserver aux salariés 10% des actions vendues à l’époque (soit 10 % de 5 % du capital). En décembre 2007, les employés de l’opérateur se sont vus ainsi proposés l’acquisition de 14 millions d’actions. Certes, près de 13 000 personnes ayant déjà quitté la “maison” dans le cadre du plan social prévoyant 22 000 départs à la fin 2008, le nombre de titres “offerts” à l’achat aux salariés devrait mathématiquement être plus important. Triste consolation, alors qu’il reste tout de même près de 9.000 “volontaires” au départ à “trouver” …. avec ou sans pression.

Les salariés ont eu le choix entre deux formules : la première « classique » avec un abondement (actions gratuites payées par l’entreprise) et une autre « à effet de levier » permettant d’acheter des actions à crédit auprès d’une banque, a indiqué M. Crozier.

Réduction de l’offre suite à une sur-souscription

La majorité des salariés ont souscrit aux deux formules, ce qui a entraîné une sur-souscription, nécessitant une réduction de l’offre fixée par l’Etat.

La méthode de réduction proposée « va dans le sens des intérêts de la majorité des salariés », a néanmoins insisté France Telecom, qui la juge « égalitaire », car « elle attribue à chaque salarié, quelle que soit sa souscription le même nombre d’actions ».

De plus, selon un porte-parole de France Telecom, « elle privilégie la formule multiple garantie qui assure aux souscripteurs la protection de leur apport personnel et un rendement garanti d’environ 16% par an sur la période de détention, ce qui est un élément important pour les souscripteurs les plus modestes ».

Déblocage anticipé de la participation: les salariés ont eu chaud !

par Sébastien Crozier le 01/01/2008

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Source :  Site National de la CFE-CGC/UNSA France Télécom-Orange

La loi du 8 février 2008 permettait au salarié de débloquer en une seule fois et au plus tard au 30 juin 2008, jusqu’à 10 000 euros. Il s’agissait d’un déblocage des droits de 2002 à 2007 au titre de la participation affectée au PEG.

Si cela semblait tout à fait évident, c’était sans compter avec l’imagination fertile de la Direction de France Télécom.

Les propositions de la Direction lors des négociations débutées fin février

Oui pour un déblocage de plein droit pour les parts placées sur Evolutis, Equilibris et Pages Jaunes.

Non pour un déblocage de plein droit pour les parts placées dans les Fonds FT, FT 2004 et FT 2005 : le déblocage ne sera pas automatique.

Les salariés qui avaient placé leur participation en actions FT et non dans des fonds diversifiés (Evolutis et Equilibris) ne pouvaient débloquer leurs parts que sous certaines conditions limitatives. Beau retour de confiance de la Direction !

Parallèlement à partir du 25 février au 7 mars 2008 s’ouvrait la période d’arbitrage pendant laquelle les Salariés pouvaient justement vendre des parts France Télécom pour les mettre dans les fonds diversifiés.

Qui a été vraiment informé de cette période d’arbitrage ?

La Direction malgré nos rappels ne veut jamais communiquer sur les périodes d’arbitrage pour empêcher les salariés de vendre leurs parts FT et acheter de l’Evolutis et de l’Equilibris.

Face à cette situation, la CFE CGC a adressé un courrier à Didier Lombard en exigeant de mettre un terme à ces manœuvres qui détournent la loi.

Moins de 24 h après la réception de ce courrier, la Direction a cédé à la pression exercée par la CFE-CGC en autorisant le déblocage de la participation sans condition.

L’ADEAS FT (Association pour la Défense de l’Épargne et de l’Actionnariat des Salariés de France Télécom), s’est félicitée de cette décision.

Les salariés lésés par l’aventure TeliaSonera

En annonçant mi-avril 2008, son opération de rapprochement avec TeliaSonera (cf l’édition spéciale de la lettre de la CFE-CGC de juin 2008) la Direction de France Télécom a durablement plombé le cours de l’action France Télécom. A cette date l’action était à 22, 50 €.

A la veille de l’annonce par France Télécom du retrait de son offre le 27 juin 2008, le cours n’était plus que de 17,50 €.

Pendant toute cette période, les salariés qui ont voulu vendre leurs actions FT pour débloquer leur participation ont été pénalisés par les errements d’une Direction en panne de stratégie.

C’est avec un cynisme absolu que la Direction s’est félicitée du moindre succès du déblocage marquant selon elle la confiance des salariés dans les actions de l’entreprise…