France Télécom : un dividende à contresens

par Hélène Marcy le 17/06/2010

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Ce dividende occupe surtout dans le statut boursier de France Télécom, sa communication et jusqu’au coeur de son fonctionnement, une place sans équivalent dans une société française de cette taille. Il repose sur l’engagement pris en 2006 par Didier Lombard, un an après son arrivée à la présidence, de « distribuer à ses actionnaires de 40 à 45 % de son cash-flow organique annuel ». Une formulation d’emblée étrange, car une politique de dividende s’exprime en proportion des bénéfices récurrents.

Extrait d’un article de Gilles Coville dans Les Echos du 17 juin, qui reprend et valide les analyses que nous formulons depuis plusieurs mois sur la politique de dividende de France Télécom.

Hormis la suggestion d’utiliser l’endettement pour racheter des actions et ainsi améliorer mécaniquement l’attractivité boursière de France Télécom que nous n’approuvons pas (il s’agit encore de manipulations financières court-termistes qui peuvent s’avérer dangereuses), cette analyse de bon sens recoupe exactement la nôtre.

Voilà qui, venant d’un journal économique réputé , donne une sérieuse crédibilité à nos propres travaux, quel que soit l’aplomb avec lequel la Direction de l’entreprise prétend que sa politique financière est parfaitement logique et saine !

Assemblée Générale des Actionnaires France Télécom : petites manipulations entre amis.

par Hélène Marcy le 15/06/2010

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Comme l’a noté Challenges, les résolutions proposées par le Conseil d’Administration de l’entreprise au vote des actionnaires réunis en Assemblée Générale, le 9 juin dernier, ont recueilli des scores de « république bananière ».

Dans un monde de plus en plus complexe et financiarisé, peut-on encore prétendre que le vote des actionnaires est réellement éclairé ? La Direction de l’entreprise en tous cas fait de son mieux pour le manipuler. Quelques exemples ?

Dividendes et présentation des comptes : à quelle norme se vouer ?

La Direction a fondé l’essentiel de son discours financier sur la distribution d’un dividende représentant 45% du cash flow organique, arguant que ce ratio est plutôt dans le bas de la fourchette des pratiques pour les opérateurs de télécommunications.

De fait, dans les transparents de présentation, comme dans le discours qui l’accompagnait, on ne trouve aucune référence au résultat net (bénéfice) de l’entreprise, tel que mentionné dans les comptes annuels ou dans les comptes consolidés. Pourtant, l’approbation des comptes était l’objet des deux premières résolutions présentées au vote des actionnaires. La première mentionne une perte de 1,416 milliard d’euros dans les comptes annuels. La seconde concerne les comptes consolidés, transcrits dans le document de référence. Le résultat net consolidé distribuable aux propriétaires de la société mère y apparaît pour un montant de 2,977 milliards d’euros, soit 1,13 euro par action. Le total des dividendes distribués au titre de l’exercice 2009, à raison de 1,40 euro par action – objet de la troisième résolution, se montera donc à près de 3,7 milliards d’euros.

Les actionnaires ont-ils pris le temps d’étudier les documents de référence de l’entreprise ? Personne n’a posé la question de ces écarts de chiffres, pourtant troublants, qui mettent en question la saine gestion de l’entreprise (comment peut-on distribuer des dividendes supérieurs aux bénéfices ?), mais aussi sa transparence financière, qui est une exigence pour une entreprise cotée en bourse.

Les trois premières résolutions ont été adoptées avec les scores respectifs de 98,47 %, 99,87 % et 98,24 %, soit le pourcentage de suffrages exprimés par les actionnaires présents ou représentés (quorum de 61,52% pour l’AG 2010)

Pour pondérer ces résultats, rappelons que l’État détient, directement ou via le FSI (Fonds Stratégique d’Investissement), 27% des parts (ce qui le positionne comme principal bénéficiaire des dividendes), et que le vote des salariés actionnaires, qui représentent environ 4% du capital, s’exprime pour l’essentiel au travers des fonds du plan d’épargne groupe, dont la Direction peut facilement orienter les votes avec l’aide d’une seule organisation syndicale (dont le représentant, sans surprise, a bien été élu par l’AG en tant que représentant des salariés actionnaires, avec un score de 84,65% de vote positif à la neuvième résolution)  Le reste des suffrages se répartit entre les investisseurs institutionnels, y compris étrangers, et les petits porteurs présents ou représentés.

6ème résolution : mensonge par omission

La présentation de cette résolution illustre particulièrement bien comment il est facile de manipuler l’opinion d’une assemblée. Il s’agissait ici d’approuver « les avenants aux contrats conclus entre la société Novalis et la Société relatifs aux frais de santé et à la prévoyance décès-incapacité-invalidité des mandataires sociaux de la Société ».

Cette résolution a été présentée avec l’indication orale que tous les salariés de l’entreprise en bénéficient. Sous entendu : il n’y avait pas de raison d’en priver les seuls mandataires sociaux.

C’est vrai, tous les salariés bénéficient d’une mutuelle obligatoire souscrite par le Groupe. Mais pas les fonctionnaires. Qui, comme cela a été rappelé lors de cette même AG, représentent 64% du personnel français, incluant d’ailleurs le Président Lombard, fonctionnaire à la retraite, qui s’est donc assuré une meilleure couverture sociale en faisant voter cette résolution.

Rémunérations : comment noyer le poisson

Une actionnaire a posé la question des écarts de rémunération, ainsi libellée : « quel est l’écart entre les dix plus fortes et les dix plus faibles rémunérations de l’entreprise, et qu’en pense le Conseil d’Administration ? »

La seconde partie de la question n’a pas obtenu de réponse. A la première partie, il a été répondu « l’écart entre la moyenne des 10% les mieux payés et la moyenne des 10% les plus mal payés est de 3,3 ». Cet écart, mesuré dans le bilan social de l’entreprise, ne cesse d’augmenter (+12% en 5 ans), alors même que les plus bas salaires de l’entreprise disparaissent, au profit de la sous-traitance, y compris délocalisée.

On peut cependant fournir d’autres réponses. Page 316, le document de référence de l’entreprise mentionne les revenus du PDG de France Télécom, Monsieur Didier Lombard, pour l’exercice 2009 : 1 587 992 euros, dont 900 000 euros de rémunération fixe. Les informations du rapport annuel permettent en parallèle d’identifier 181 000 collaborateurs dans le monde (page 10), pour 9,094 milliards d’euros de charges de personnel (page 86), soit en moyenne 50 000 euros par collaborateur. Exprimé en revenu pour les personnes concernées, c’est donc un écart d’environ 1 à 50 entre les revenus du PDG et le revenu moyen par collaborateur de l’entreprise.

« Belles histoires » : les personnels de l’entreprise espèrent qu’elles seront bientôt le cas général

En visionnant les petits films projetés devant l’Assemblée Générale pour illustrer quelques parcours professionnels dans l’entreprise, les personnels ont été notamment surpris de constater qu’on mettait en avant les plateaux d’appels, dont on sait qu’ils font partie des services de l’entreprise les plus exposés aux risques psycho-sociaux selon les résultats du rapport Technologia, ou encore un travailleur handicapé, lorsqu’on sait que France Télécom en la matière ne respecte ni le pourcentage légal de travailleurs handicapés dans l’entreprise, ni les accords qu’elle a signés avec les organisations syndicales pour s’en affranchir.

Sans mettre en doute la sincérité des témoignages présentés, on peut cependant noter le caractère exceptionnel des parcours évoqués, et l’habileté des communicants qui ont préparé cette belle séquence.

Les personnels les plus sagaces n’auront pas manqué de déceler d’autres « détails » du même ordre, telle la composition du Comité Stratégique, dont tout laisse à penser qu’il est constitué tout exprès pour permettre au Président Lombard de valider toutes ses propositions, ou encore l’incapacité de ce même Président, qui rappelait pourtant assumer l’entière responsabilité du pilotage de l’entreprise pour l’exercice 2009, à revenir sur la crise sociale, encore moins à présenter un quelconque mea-culpa. Il a préféré engager l’entreprise dans la promesse de poursuivre, pour l’exercice 2010, la distribution d’un dividende représentant au moins 45% du cash flow organique, laissant à Stéphane Richard le soin de prendre le « tournant » annoncé dans les slides de présentation, afin de surmonter la crise en travaillant sur un nouveau projet d’entreprise.

L’ADEAS ne peut qu’inviter les actionnaires à une vigilance toujours accrue dans l’analyse des données qui leur sont présentées, et la Direction de l’entreprise à une plus grande transparence, afin que la confiance puisse durablement se restaurer entre toutes les parties prenantes de l’entreprise, personnels, actionnaires, clients, et société civile, pour laquelle France Télécom reste, de par son histoire, une entreprise emblématique, et qui, à ce titre, se doit d’être exemplaire.

Chez France Télécom, un syndicat dénonce un dividende supérieur aux bénéfices

par Hélène Marcy le 09/06/2010

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Le groupe France Télécom sacrifie-t-il ses salariés et ses investissements au profit de ses actionnaires en versant beaucoup trop de dividendes ? Dans un communiqué publié vendredi 4 juin, le syndicat CFE-CGC – UNSA de l’opérateur de télécommunication dénonce le fait que l’ex-monopole public (privatisé en 1997) a non seulement versé « des dividendes (au titre de l’année 2009) supérieurs aux bénéfices de l’entreprise« , mais, qu’en outre, il « vient de perdre 250 millions d’euros sur le marché des changes liés à son obligation d’emprunter pour financer le paiement anticipé des dividendes« .

Le syndicat, soutenu par l’Adeas, une association d’actionnaires salariés (4,4 % du capital fin 2009), compte bien appeler à voter contre ce versement lors de l’assemblée générale (AG) du 9 juin, durant laquelle les actionnaires doivent se prononcer sur le montant des dividendes versés pour 2009.

Assemblée Générale des Actionnaires du 9 juin 2010, mode d’emploi

par Hélène Marcy le 31/05/2010

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Le 9 Juin prochain, l’Assemblée Générale des actionnaires de France Télécom se réunit au Palais des Congrès, à Paris Porte Maillot. Toute la documentation associée à cette AG est disponible sur le site orange.com, dont l’ordre du jour.

Si vous détenez des actions au nominatif pur, vous pouvez participer à l’AG et au vote

Dans le cadre de l’opération « NExT Reward », les personnels du groupe, salariés et fonctionnaires, ont reçu des actions France Télécom « au nominatif pur ». Si vous en détenez, la BNP Paribas, gestionnaire des titres, vous a adressé, par voie électronique si vous en avez fait la demande, à défaut par courrier postal, le dossier de participation à l’Assemblée Générale.

Attention : si vous avez uniquement des actions France Télécom dans le cadre du Plan d’Épargne Groupe (PEG), vous ne pouvez pas participer à l’AG, et vous n’y votez pas : votre vote est exprimé par les Conseils de Surveillance des fonds dans lesquels vous détenez des actions.

En tant qu’actionnaire au nominatif pur, vous pouvez participer à l’AG et au vote

Participer physiquement à l’AG

  • Pour vous faciliter l’entrée, demandez une carte d’admission, soit par Internet (site spécifique accessible avec vos codes GISnomi), soit via le bulletin de vote par correspondance que vous avez reçu, à retourner par courrier.

Voter sans venir à l’AG : 3 possibilités

  • Voter par courrier, via le formulaire de vote personnalisé que vous avez reçu. Si vous l’avez perdu, vous pouvez le télécharger, mais vous devrez alors le personnaliser avec vos coordonnées, numéro de compte et nombre d’actions détenues. Attention : votre bulletin doit être reçu avant le 8 juin à 15 heures.
  • Voter par Internet, en vous connectant au site mis en place à cet effet. Vos codes de connexion sont les mêmes que sur le site GISnomi. Attention : si vous avez perdu votre mot de passe, la banque vous le renvoie par courrier : il faut donc tenir compte de ce délai, les votes étant pris en compte jusqu’au 8 juin à 15 heures.
  • Voter par procuration. Vous pouvez confier votre procuration à votre conjoint, ou à un autre actionnaire participant physiquement à l’AG.
    Vous pouvez également confier votre procuration au Président de l’AG, mais nous vous le déconseillons. En effet, le Président de l’AG, pour toutes les procurations dont il dispose, approuve toutes les résolutions présentées par le Conseil d’Administration, et donne un avis défavorable à toutes les autres résolutions.

Le vote des résolutions : nos commentaires

Votre vote est bien sûr personnel et entièrement libre. Les indications qui suivent ont pour seul objectif de vous apporter l’éclairage de la CFE-CGC/UNSA et de l’ADEAS sur le contenu concret des résolutions, dont nous n’avons pas forcément la même lecture que la Direction.

résolutions ordinaires

notre vote

nos observations
1- Approbation des comptes annuels de l’exercice clos au 31/12/2009.

NON

Elle arrête la perte de cet exercice à
1 416 072 170,02 euros. Quelle différence avec les chiffres annoncés dans les comptes consolidés ! Où est la transparence financière ?En outre, les comptes omettent de nombreuses provisions vis-à-vis du personnel (20 millions d’euros dus aux Comités d’Entreprises sur la restauration, paiement de l’intéressement aux CFC, etc.)
2- Approbation des comptes consolidés de l’exercice clos au 31/12/2009.

NON

Mêmes motifs
3- Affectation des résultats

NON

La CFE-CGC dénonce le versement de 3,65 milliards d’euros de dividendes, supérieurs aux bénéfices consolidés du Groupe (3,47 milliards d’euros).
4- Conventions

OUI

Permet le paiement du dividende en action. Il est regrettable que cela ne soit pas possible en 2010 : cela renforce les fonds propres et limite l’impact négatif du versement des dividendes.
5- Conventions

OUI

Mêmes motifs
6- Approbation des avenants aux contrats avec Novalis

NON

La Direction refuse la prise en charge de la mutuelle pour les fonctionnaires mais les mandataires sociaux déjà bénéficiaires de 60 000 euros de jetons de présence vont en plus avoir une mutuelle ! Surréaliste.
7- Autorisation au Conseil d’Administration pour l’achat ou le transfert d’actions

NON

Cela affaiblit nos fonds propres pour  permettre de faire monter artificiellement le cours.Lors de l’opération de distribution d’actions gratuites  « NExT Reward », si les actions avaient été émises au lieu d’être rachetées, cela aurait permis à l’entreprise d’économiser 200 millions d’euros.
8- Nomination de Stéphane Richard en qualité d’administrateur

OUI

Sinon il ne peut pas remplacer Didier Lombard, dont nous demandons le départ.
9- Élection de l’administrateur représentant les personnels actionnaires
Ticket M. Maouche / JL Burgain

NON

Un ticket CFTC/FO qui déshonore le syndicalisme.

(https://www.adeas.org/index.php/nos-analyses/comment-une-os-devenue-non-representative-trahit-les-salaries-en-catimini/)

10- Élection de l’administrateur représentant les personnels actionnaires
Ticket JP Borderieux / P. Guillou

NON

Mêmes motifs
résolutions extraordinaires

notre vote

nos observations
11- Délégation de pouvoirs au CA pour l’émission d’actions réservées aux personnels ayant signé un contrat de liquidité en qualité de titulaires d’actions ou d’options Orange SA

OUI

Tous les salariés d’Orange ont bénéficié de la possibilité de souscrire à une augmentation de capital d’Orange France.Au moment de la fusion avec France Télécom, ces droits doivent être transférés pour souscrire au capital de France Télécom.
12- Délégation de pouvoir au CA pour procéder à l’émission à titre gratuit d’instruments de liquidité sur options de souscription d’actions Orange SA

OUI

Mêmes motifs
13- Autorisation au CA d’attribuer des options de souscription et/ou d’achats d’actions de la Société

NON

La CFE-CGC/UNSA a écrit à Madame Lagarde le 5 mai dernier pour protester contre l’attribution de 26 millions de stock-options, nous nous y associons.
14- Délégation de compétence au CA pour procéder à des augmentations de capital réservées aux adhérents de plans d’épargne

OUI

Destiné à favoriser l’actionnariat salarié. Néanmoins, il faut rester vigilant, car cela pourrait préparer un nouveau désengagement de l’État dans le capital de France Télécom.Rappelons au passage que la dernière offre réservée au personnel, Orange Success, s’est soldée par un fiasco. Saisi par nos soins, le Conseil d’État s’est jusqu’à présent bien gardé de répondre sur cette épineuse affaire.
15- Autorisation au CA de réduire le capital par annulation d’actions

NON

Cette résolution sert à favoriser les dispositions de rachat du capital pour faire monter artificiellement le cours : une façon de payer plus grassement les détenteurs de stock-options.
16- Pouvoirs pour formalités

OUI

Il faut enregistrer les événements légaux de l’entreprise.

L’action de l’ADEAS pour l’Assemblée Générale

Notre association et la CFE-CGC/UNSA sont profondément choquées en particulier par :

  • Le niveau des dividendes (3,65 milliards d’euros), supérieurs aux bénéfices consolidés du Groupe (3,47 milliards d’euros), alors même que l’entreprise a besoin de toutes ses ressources pour investir, notamment dans les réseaux, et poursuivre son désendettement, afin de garantir la pérennité de l’entreprise.
  • La distribution prévue de 26 millions de stock options à quelques cadres dirigeants. Ce mode de rémunération tend en effet à caler le pilotage de l’entreprise sur les seuls indicateurs de performance financière… avec les effets délétères que l’on connaît sur les conditions de travail, qui ont été soulignés notamment par le rapport Technologia.

Nous avons décidé d’organiser une manifestation non perturbante,  mais visible médiatiquement le jour de l’AG, pour matérialiser l’opposition des personnels au versement d’un dividende à 1,40 € et aux 26 millions de stock-options. Pour en connaître tous les détails et y participer, vous pouvez contacter Laurence Dalboussière. (laurence.dalboussiere@orange-ftgroup.com)

La représentation des salariés actionnaires… ou comment une OS devenue non représentative trahit les salariés en catimini

par Hélène Marcy le 28/05/2010

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Comment les salariés actionnaires sont-ils représentés ?

Les salariés du Groupe possèdent 4% des actions France Télécom.

Suite à la distribution par l’entreprise de 10 millions d’actions gratuites à 100 000 personnes (opération NExT Reward), la plupart des salariés possèdent des actions « au nominatif pur » ce qui leur permet d’exercer directement leurs droits de vote en Assemblée Générale des Actionnaires (nous y reviendrons en détail dans une prochaine communication).

La majeure partie des actions du personnel est cependant placée dans le PEG (Plan Épargne Groupe), via les fonds France Télécom Actions et Evolutis[1], qui rassemblent environ 2 milliards d’euros.

Chacun de ces fonds est doté d’un Conseil de Surveillance, composé à parité de membres de la Direction et des représentants désignés par les organisations syndicales, et présidé par l’un des représentants syndicaux. La Direction dispose de 50% des voix, chaque OS d’une voix.

Ces Conseils de Surveillance désignent deux candidats au poste de représentant des salariés actionnaires au Conseil d’Administration de France Télécom, un seul étant validé en Assemblée Générale des actionnaires. Il y a donc 4 représentants des salariés au Conseil d’Administration, 1 cadre et 2 non cadres ayant été élus en octobre 2009 directement par le personnel

Petits arrangements entre amis

Sans entrer dans les détails, il faut savoir que la Direction de l’entreprise a modifié les conditions d’éligibilité au titre de représentant des salariés actionnaires, quelques jours avant le vote des Conseils de Surveillance. Certainement pour faciliter la désignation du candidat de la CFTC, Marc Maouche, qui a recueilli toutes les voix de la Direction, et dont la nomination définitive sera proposée à l’Assemblée Générale des actionnaires du 9 juin prochain.

Le maintien de la présence de la CFTC au Conseil de Surveillance des fonds est déjà peu orthodoxe : avec 7% des voix, cette organisation syndicale n’est plus représentative sur le périmètre du Groupe France Télécom et n’a donc plus le droit de siéger dans les Conseils de Surveillance des fonds

Le vote d’une seule OS, contraire à l’intérêt collectif des personnels, constituera la position officielle des salariés actionnaires

Mais ce n’est pas tout. Lors du Conseil de surveillance suivant, l’ordre du jour comportait le vote des salariés actionnaires sur les résolutions qui seront présentées en Assemblée Générale, le 9 juin prochain.

Deux résolutions méritent une attention particulière :

  • Celle qui propose le versement d’un dividende de 1,40 euros aux actionnaires, soit davantage que les bénéfices consolidés du Groupe, et alors même que les comptes révèlent une perte comptable.

Vote de la Direction : pour.
Vote de la CFTC, représentée par Marc Maouche : pour.
Vote de toutes les autres OS : contre.

  • Celle qui permet le versement discrétionnaire de 26 millions de stock-options à certains cadres supérieurs.

Vote de la Direction : pour.
Vote de la CFTC, représentée par Marc Maouche : pour.
Toutes les autres OS qui se sont exprimées ont voté contre, dont bien sûr la CFE-CGC/UNSA.

Le résultat le 9 juin sera que les salariés actionnaires soutiendront le versement de 3,65 milliards de dividendes et approuveront publiquement l’attribution de stocks options à quelques privilégiés… Deux résolutions, qui rappelons le dévoient le management de l’entreprise, et sont condamnées par la majorité des personnels.

La perspective de toucher 60 000 euros de jetons de présence par an (qui seront versés à Marc Maouche à compter de son élection par l’AG au poste de membre du CA en tant que représentant des salariés actionnaires) suffit-elle pour trahir l’ensemble des salariés ?

L’an dernier, la CFE-CGC/UNSA avait très vivement critiqué l’attitude de la CFDT, sur la question des jetons de présence et le vote de ses représentants en faveur des dividendes proposés par la Direction. Depuis, la CFDT ne soutient plus la Direction lors des votes publics qui engagent le devenir de France Télécom

Cette année, la Direction s’est donc trouvé un nouvel allié, qu’elle maintient dans les Conseils de Surveillance, au mépris du droit, et du vote des salariés lors des dernières élections définissant la représentativité des organisations syndicales.

Alors que l’entreprise doit se reconstruire, ces collusions d’un autre âge doivent être dénoncées. La CFE-CGC/UNSA mettra tout en œuvre pour qu’elles cessent.

Encore faut-il que toutes les organisations syndicales soient responsables et loyales… et que la Direction respecte le droit. Une utopie ?


[1] Composé d’obligations et d’actions du CAC40

L’intéressement supplémentaire vous permet de bénéficier d’un abondement de l’entreprise

par Hélène Marcy le 27/05/2010

Catégories: En pratique | Tags: , , , , | Permalink | Commentaires fermés sur L’intéressement supplémentaire vous permet de bénéficier d’un abondement de l’entreprise

Si vous travaillez dans l’une des sociétés du Groupe qui bénéficient de l’intéressement supplémentaire (FTSA, Orange France, et certaines filiales en France), Creelia vous a adressé un mail pour vous informer que vous pouvez choisir comment toucher votre supplément d’intéressement.

Vous avez jusqu’au 30 mai 2010 pour choisir

Voici un récapitulatif des possibilités qui s’offrent à vous pour utiliser cet intéressement supplémentaire :

paiement immédiat

versement
dans le PEG

versement
dans le PERCO

période de choix

choix par défaut si vous ne faites rien

jusqu’au 30 mai 2010

jusqu’au 30 mai 2010

disponibilité

avec la
paie de juin

dans 5 ans

à la retraite, sauf cas de sortie anticipée.

abondement de l’entreprise

non

oui, jusqu’à 310 €

pour les placements dans le fonds France Télécom Actions

(voir explications ci-dessous)

oui, jusqu’à 700 €

(voir explications ci-dessous)

impôts sur le revenu

oui

non

non

prélèvements sociaux sur les plus-values à la sortie des fonds

oui

oui

oui

L’intéressement supplémentaire est éligible à l’abondement

Pour un versement dans le PERCO

L’abondement maximal de vos versements dans le PERCO est de 700 euros bruts annuels, versés en fonction de votre investissement dans le PERCO. Pour 2010 :

  • abondement de 200% des 200 premiers euros,
    soit de 0 à 400 € d’abondement annuel
  • abondement de 100% des 201 à 300 euros suivants,
    soit de 0 à 100 € d’abondement annuel
  • abondement de 50% des 301 à 700 euros suivants,
    soit de 0 à 200 € d’abondement annuel

Les versements PERCO issus de votre intéressement supplémentaire donnent lieu à abondement de l’entreprise, si vous n’avez pas déjà atteint l’abondement maximum de 700 € bruts.

Pour rappel :

Sont abondés les versements dans le PERCO issus de :

  • la participation
  • l’intéressement
  • l’intéressement supplémentaire
  • les versements volontaires

à hauteur de 700 euros, tous versements cumulés, pour l’année 2010.

Pour un versement dans le PEG

Le placement de l’intéressement supplémentaire dans le fonds France Télécom Actions permet également de bénéficier d’un abondement maximum de 310 euros pour 780 euros versés :

  • abondement de 50% pour les 460 premiers euros versés,
    soit de 0 à 230 euros d’abondement.
  • abondement de 25 % pour les 320 euros suivants,
    soit jusqu’à 80 euros supplémentaires d’abondement.

Pour rappel :

Vos versements dans le PEG sont abondés uniquement si vous les versez dans le fonds France Télécom Actions, et s’ils sont issus de :

  • l’intéressement
  • l’intéressement supplémentaire
  • les versements volontaires

à hauteur de 780 euros, tous versements cumulés, pour l’année 2010.

En revanche, ne sont pas abondés :

  • les versements sur les autres fonds du PEG (Dynamis, Evolutis, Equilibris)
  • les sommes issues de la participation
  • les avoirs arbitrés d’un fonds sur un autre

L’abondement du PEG est indépendant de celui du PERCO. Un salarié peut cumuler les deux abondements s’il verse sur les deux dispositifs d’épargne entreprise.

Bénéficiez des abondements et exonérations d’impôts
tout en dégageant du numéraire si vous en avez besoin

  • Si vous avez besoin de cet argent tout de suite et ne souhaitez pas mettre d’argent dans le PEG, avant d’opter pour le versement en numéraire (assujetti à l’impôt sur le revenu),  nous vous proposons de vérifier d’abord vos avoirs dans le PEG, et de vérifier leur date de disponibilité (cliquez « toute votre épargne », « date de disponibilité »). Si vous avez des fonds disponibles, il peut être judicieux de toucher immédiatement des parts de PEG disponibles, nettes d’impôts, tout en plaçant tout ou partie de l’intéressement dans le PEG, pour bénéficier de l’exonération d’impôt et de l’abondement. L’opération est intéressante y compris sur des actions FT sur lesquelles on a perdu de l’argent : il vaut mieux les vendre, et les racheter au même prix.

 

  • Enfin, n’oubliez pas que l’argent placé dans le FCPE France Telecom Actions Part D (D comme Dividendes, par opposition aux parts C comme Capitalisation, où les dividendes sont immédiatement réinvestis) vous permet de toucher sur votre compte courant dès juin 2010, 0,80€ par action placée dans le PEG.

En pratique

  • Pour retrouver ce que vous avez déjà versé et vérifier si vous avez atteint les montants maximum d’abondement, vous pouvez vous connecter sur le site Amundi Epargne Entreprise.
    Attention
    , les montants d’abondement figurant dans vos relevés d’opérations sont les montants nets, inférieurs aux montants bruts indiqués ci-dessus (par exemple, un abondement brut de 310 € correspond à un abondement net de 285,95 €)
  • Vous pouvez exercer vos choix directement via l’intranet France Télécom, via okapi-creelia, dont le lien vous est fourni dans le mail de Creelia.

Vos identifiants et mot de passe :

  • sont identiques sur okapi-creelia et sur Amundi
  • votre identifiant = votre numéro de compte, rappelé dans le mail de Creelia
  • votre mot de passe est personnalisé par vos soins, et peut être récupéré par mail sur les deux sites si vous l’avez égaré.

600 euros pour tous ? Dans les faits, pas vraiment !

L’intéressement supplémentaire est lié à une décision de l’entreprise, et encadré par la loi française. Il a été fixé à 600 euros bruts par collaborateur, indépendamment de son niveau – ce qui implicitement est une manière de nier l’investissement spécifique des cadres – et de sa société d’appartenance.

Dans les faits, toutes les sociétés du Groupe France Télécom n’en bénéficient pas. Les filiales internationales en sont exclues, mais aussi certaines filiales françaises. Par exemple, Sofrecom, qui ne verse pas l’intéressement, ne verse pas non plus d’intéressement supplémentaire à ses personnels.

L’intéressement supplémentaire est lié au temps de présence dans l’entreprise. En conséquence :

– les congés maladie, les jours de grève et certaines suspensions de contrat, amputent le montant de l’intéressement supplémentaire.

– les personnels à temps partiel ou en CFC percevront un supplément d’intéressement proportionnel à leur quotité de salaire. A condition toutefois que les applications ne se trompent pas dans le calcul : par exemple, les personnels en CFC, qui touchent normalement  70% de leur salaire, auraient du se voir attribuer un supplément d’intéressement de 420 euros. Mais on leur a affecté… 419,99 € ! Preuve des errements des applications de paie de l’entreprise ! Les Délégués du Personnel CFE-CGC/UNSA ont demandé des explications et un rectificatif : nous ne manquerons pas de vous informer de la suite donnée.

– si vous avez travaillé en 2009 dans une filiale qui ne verse pas d’intéressement, le temps que vous y aurez passé sera perdu pour le calcul de l’intéressement supplémentaire que vous êtes susceptible de toucher cette année.

Étant « à la main » de l’entreprise, il aurait pu constituer l’occasion d’un « coup de pouce » financier plus significatif, pour rééquilibrer le partage des résultats entre les actionnaires et les personnels de l’entreprise. Or, comme nous l’avons détaillé dans la dernière lettre Épargne & actionnariat salariés, au titre de l’exercice 2009, les actionnaires percevront 3,65 milliards d’euros de dividendes, pendant que les personnels français du Groupe se partageront seulement 541 millions d’euros en intéressement, intéressement supplémentaire, participation et abondements.

Sans commentaire.

  • Pour connaître la liste des filiales concernées et les modalités d’application de l’intéressement supplémentaire, notamment sur la question du temps de présence, vous pouvez télécharger le texte officiel de l’accord

Vos difficultés de connexion au site Amundi

par Hélène Marcy le 12/05/2010

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Nous continuons de recevoir de nombreux messages nous indiquant des difficultés de connexion et nous demandant d’y remédier. Nous devons préciser que nous n’avons pas la main sur les outils informatiques de gestion de l’épargne salariale, qui sont pilotés par les banques gestionnaires choisies par la Direction de France Télécom.

Pour vous aider, quelques rappels :

  • Votre identifiant = votre numéro de compte épargne entreprise, utilisé sur Creelia et Amundi, et repris sur les relevés de compte adressés par ces établissements, ainsi que dans les mails vous invitant à formuler vos choix de placement de l’intéressement ou de la participation
  • Le mot de passe est personnalisé par vos soins.

Si vos identifiants / mots de passe ne sont pas reconnus sur Amundi, vous pouvez :

  • contacter la hot-line au 0800 20 20 20 touche 2,
  • faire un mail de signalisation à Creelia : monepargne.salariale@creelia.com
  • à titre exceptionnel et en attendant que votre nouvel accès fonctionne, vous pouvez toujours consulter votre compte sur l’ancien site www.creelia.com.

Epargne & Actionnariat Salariés : la lettre du 1er quadrimestre 2010

par Hélène Marcy le 30/04/2010

Catégories: Lettre d'information, Nos analyses | Tags: , , , , , | Permalink | Commentaires fermés sur Epargne & Actionnariat Salariés : la lettre du 1er quadrimestre 2010

Au sommaire de ce numéro

Les analyses de l’ADEAS sur :

  • La stratégie financière de France Télécom
  • Les opérations dans les marchés émergents
  • L’avenant Perco et les nouvelles modalités d’abondement
  • La participation et l’intéressement

Télécharger la lettre en format pdf : Epargne et actionnariat salariés_Q1 2010

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Résultats T1 2010 : Contrairement à l’international, la France résiste. La régulation et les taxes plombent le développement.

par Hélène Marcy le 29/04/2010

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Les résultats du 1er trimestre n’incitent pas à l’optimisme :

  • le Chiffre d’Affaires est en baisse, en Europe et sur l’activité Entreprises ;
  • la France pèse de plus en plus lourd dans le CA d’un Groupe pourtant à vocation internationale ;
  • la profitabilité est affectée par les effets de la régulation et les taxes, toujours plus nombreuses, tandis que l’intensification de la concurrence alourdit les frais commerciaux ;
  • les investissements sont retardés, ce qui affectera le dynamisme de l’activité dans les mois à venir.

Par effet mécanique, l’endettement du Groupe repart à la hausse.

Le montant des dividendes qui restent à verser au titre de l’exercice 2009, et qui contribuent à cet endettement, n’en est que plus scandaleux et incompréhensible. Dans la conjoncture économique actuelle, le Groupe France Télécom a au contraire besoin de toutes ses ressources pour assurer sa pérennité et son déploiement sur de nouveaux marchés. C’est pourquoi nous réitérons notre demande de baisse des dividendes.

Un recul inquiétant en Europe et sur l’activité Entreprises

Hors la France qui se maintient, force est de constater que la stratégie internationale est en échec dans la plupart des pays d’Europe.

En Espagne, le nombre de clients mobiles est en baisse, et aucun client n’a été gagné sur le haut débit ADSL au premier trimestre, après une baisse continue durant l’année 2009. La difficulté de la marque Orange à s’implanter sur le marché espagnol pose une nouvelle fois la question des modalités d’achat d’Amena, dont le prix exorbitant n’est certainement pas amorti par les résultats d’activité.

Au Royaume Uni, Orange est sans doute le seul opérateur à continuer de perdre des clients ADSL, et la revente des infrastructures à BT signe la fin des ambitions du Groupe dans le haut débit. Mais Orange perd également des clients mobiles. Quelle sera la stratégie de marque après le rapprochement avec T-Mobile ? La belle marque Orange pourrait-elle disparaître du paysage britannique ?

En Pologne, l’activité mobile se redresse, mais la base client ADSL continue de décroître. Et comme dans tous les autres pays d’Europe, France comprise, l’ARPU baisse. Sans doute en lien avec la conjoncture économique qui affecte le pouvoir d’achat des clients.

Le recul de l’activité Entreprises est également inquiétant. Le lien avec la conjoncture économique est là aussi évident, et la décroissance des activités traditionnelles a été anticipée de longue date. Après une bonne performance en 2009, on peut cependant s’interroger sur la capacité à s’implanter durablement dans les nouveaux services à valeur ajoutée, qui sont pourtant au cœur des ambitions d’Orange Business Services.

Les marchés émergents pèsent encore un poids marginal dans l’activité du Groupe

Si la croissance est dynamique en pourcentage, les volumes d’activité concernés restent modestes. Le faible niveau d’ARPU, alors qu’il est nécessaire d’investir de manière continue dans le déploiement des réseaux, rend la rentabilité incertaine… sans même parler de l’instabilité économique et politique de ces marchés, qui rend le pilotage d’autant plus délicat.

Quelle sera l’issue des « discussions amicales » ouvertes avec le gouvernement local, alors que l’exploitation opérationnelle de l’ex opérateur historique Telkom Kenya laisse apparaître de fortes distorsions entre les actifs présentés lors du rachat et la réalité concrète ?

En Égypte, si l’on peut se féliciter que le conflit avec Orascom Telecom soit enfin résolu, l’accord sera coûteux, et on ne sait pas encore s’il permettra à la marque Orange de s’afficher enfin sur les rives du Nil.

La profitabilité et le développement sont affectés par la régulation et les taxes

Sur l’année 2010, l’impact négatif de la régulation sera d’environ 1 milliard d’euros sur le Chiffre d’Affaires du Groupe. En France notamment, l’État semble avoir identifié une nouvelle « vache à lait » chez les opérateurs de télécommunications. Les nouvelles taxes coûtent 28 millions d’euros sur le seul premier trimestre, et de nouveaux projets sont à l’étude pour alourdir encore la note des opérateurs.

Dans le même temps, l’intensification de la concurrence, voulue par les régulateurs nationaux et européens, alourdit les frais commerciaux, quand elle n’empêche pas tout simplement le développement de l’activité.

En tant qu’opérateur historique, France Télécom est en effet régulièrement freiné. Il ne peut pas fixer librement tous ses tarifs, en particulier dans le domaine du fixe et de l’Internet, où il se retrouve régulièrement obligé de vendre plus cher qu’il ne le souhaiterait. Les effets en deviennent de plus en plus sensibles, notamment sur les acquisitions de clients haut débit fixe.

Et sous prétexte de ne pas obliger ses concurrents à investir dans de nouveaux équipements, il ne peut pas déployer son plan d’augmentation des débits ADSL dans les zones peu denses. C’est pourtant un enjeu réel d’aménagement du territoire, alors que la Fibre ne pourra peut être jamais s’y implanter faute de rentabilité.

Le niveau exorbitant des dividendes est un boulet financier injustifiable

Alors que France Télécom doit simultanément faire face aux impacts de la conjoncture économique, d’une régulation et de nouvelles taxes qui pèse sur sa profitabilité, et d’investissements nouveaux (la Fibre en France et les réseaux mobiles partout dans le monde), le niveau des dividendes versés aux actionnaires apparaît aujourd’hui d’autant plus scandaleux.

Rappelons qu’avec un dividende à 1,40 € par action, France Télécom distribuera au titre de 2009 plus que ses bénéfices consolidés : 3,65 milliards d’euros pour les actionnaires, alors que le résultat net consolidé n’est que de 3,47 milliards d’euros.

Rappelons également que la crise financière, qui se traduit aujourd’hui par un ralentissement de l’activité économique, est bien le fait des marchés financiers. Comment justifier qu’on continue de leur servir un tel niveau de dividende dans un tel contexte ?

Comment, en assumant la charge d’un tel dividende, l’entreprise pourra-t-elle à la fois faire face à ses investissements, aux acquisitions (même « sélectives ») annoncées pour renforcer ses positions internationales, et poursuivre la réduction de la dette ?

Depuis plusieurs mois, nous demandons au Conseil d’administration et aux actionnaires la baisse immédiate du niveau des dividendes (à 0,5 euros au lieu de 1,40), qui saignent actuellement l’entreprise, au détriment de l’investissement et du désendettement.

L’État, qui en touchera 27% en tant qu’actionnaire principal (devant les salariés qui détiennent 4% du capital), ne devrait-il pas se montrer raisonnable et diminuer ses exigences en la matière, alors même qu’il bénéficie des nouvelles taxes, et qu’il va toucher les pénalités infligées à France Télécom au titre de la taxe professionnelle antérieure à 2003, soit plus d’1 milliard d’euros ?