Recherche croissance désespérément…

par Hélène Marcy le 02/10/2023

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par Hélène Marcy & Sébastien Crozier


Les résultats du S1 présentés le 26 juillet dernier sont « en ligne avec les objectifs financiers 2023 », la Direction souhaitant prioritairement augmenter le cash-flow organique. Mais ni cette annonce, ni la promesse d’un dividende augmenté à 0.72 € (au lieu de 0.70 € / action) pour l’an prochain n’ont endigué la baisse tendancielle du cours de l’action Orange débutée après la publication des résultats du T1 fin avril.

La France à la peine

Le recul de l’EBITDAal en France (-5,1% au S1, le CA reculant de 1,5%) inquiète. La Direction répond que le plein effet des hausses tarifaires se verra au S2, tandis que les impacts des coûts énergétiques et de l’effet ciseaux sur la vente en gros des accès Fibre (fin du modèle où tous les opérateurs nous payaient pour accéder à notre réseau cuivre : nous engrangeons aujourd’hui moins de revenus, et devons payer pour accéder aux réseaux Fibre des autres acteurs) seront moindres en deuxième partie d’année. Elle souligne également la baisse des coûts : baisse des investissements (CAPEX), et des effectifs, qui, selon Christelle Heydemann, ont déjà diminué de 6% depuis début 2023 (notamment avec 7 600 départs en TPS), tandis que plus de 600 départs sont prévus à SCE (Orange Business) dans le cadre d’un Plan de Départs Volontaires (PDV)… sans parler de ceux induits par les réorganisations en cours ou à venir.

Mais la dégradation de nos performances commerciales est soigneusement glissée sous le tapis :

  • Au premier semestre, nous perdons 55 000 clients sur le haut débit fixe : nous ne transformons pas tous nos anciens clients ADSL en clients Fibre ;
  • Sur le mobile grand public, nous sommes largement dépassés par Bouygues Télécom, qui signe 109 000 nouveaux contrats au S1, versus 32 000 pour Orange.

Fermetures de boutiques et/ou transferts à la Générale de Téléphone déstabilisent nos vendeurs et nos clients. La sous-traitance, toujours plus prégnante et mal gérée, continue d’engendrer des retards de production, insoutenables sur la Fibre. Sur Paris, la qualité de notre réseau mobile n’est pas à la hauteur. Tout cela ressemble malheureusement à une politique de réduction des coûts mal maîtrisée : l’efficacité opérationnelle n’est entendue que sur le plan financier, faisant l’impasse sur la qualité de production et de commercialisation de nos offres, pourtant essentielle lorsqu’on revendique un positionnement « premium ».

Résultats contrastés pour Orange Business

Si la croissance se poursuit côté Cyberdéfense, avec un CA qui augmente de +11% par rapport au S1 2022, la connectivité est en baisse, et la transformation vers les services ne s’opère pas, faute de pilotes compétents.

Croissance à l’international

L‘essentiel de la croissance est porté par l’Afrique Moyen-Orient. Le CA y progresse de 10%, l’EBITDAal de 12%, et toutes nos ventes de services sont en croissance à 2 chiffres. Pour Orange Money, les difficultés occasionnées par le concurrent Wave en 2021 et 2022 semblent derrière nous : le CA augmente de 25%. Et Orange Bank Afrique poursuivra ses activités. Cette zone géographique représente plus de 30% du CA et 20% de l’EBITDAal du Groupe au S1 2023. Son poids devient déterminant dans le Groupe.

En Espagne, après trois ans de recul du CA, le retour à la croissance amorcé au T3 2022 se confirme en 2023, avec une progression de 2,5% sur le semestre et +11% pour l’EBITDAal. La Commission européenne maintient le suspense concernant le rapprochement avec MásMóvil : déjà en phase d’enquête approfondie, la Commission a appuyé sur « pause » fin juillet, pour prendre le temps d’étudier en détail les concessions proposées par les deux opérateurs pour faire accepter l’opération. La réponse de la Commission, initialement prévue début septembre, est repoussée sine die.

Dans le reste de l’Europe, la croissance du CA est de 3,3%, celle de l’EBITDAal de 7,1%.

Responsabilité sociale d’entreprise

Notons pour finir la baisse de nos émissions carbone sur les scopes 1 & 2, où les objectifs de 2025 (-36% / nos émissions de 2015) sont atteints, les énergies renouvelables représentant désormais 41% de notre mix énergétique. Reste à embarquer le scope 3, qui représente 80% de nos émissions, incluant les terminaux et usages de nos clients, mais aussi les trajets domicile / travail des personnels.

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