La Société Générale nous répond : il ne s’agit que de capter du dividende !

par Hélène Marcy le 07/06/2012

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La Société Générale a répondu à notre courrier du 14 mai dernier.

Télécharger la réponse de la Société Générale :
pdf 2012_06_04_-_Courrier_de_la_Société Générale_-_Montée_de_la_Société Générale_au_capital_de_FT_SA.pdf

Ce que nous comprenons de ce courrier, reçu alors que l’Assemblée Générale des actionnaires avait déjà eu lieu :

Comme de nombreux acteurs financiers, la Société Générale procède à des achats / reventes d’actions permettant de toucher le maximum de dividendes, et donc de réaliser des profits sans risque en quelques jours.

La pratique consistant à acheter une masse significative d’actions au moment opportun pour toucher tout ou partie du dividende qui y est attaché, pour les revendre immédiatement après, est donc bien ancrée chez les banquiers : en 2010, nous avions constaté un comportement similaire de la Deutsche Bank. Ce type de comportement est très visible lorsqu’il y a franchissement d’un seuil significatif (en France, l’AMF impose de déclarer les achats ou les ventes d’actions lorsqu’elles impliquent un franchissement du seuil de 5% du capital détenu dans une entreprise cotée au CAC40), mais il se produit bien évidemment très régulièrement sur des volumes inférieurs d’actions, dans des conditions plus discrètes.

Un acteur disposant d’une masse suffisante de capitaux peut donc très facilement se livrer à la « cueillette du dividende » auprès d’un certain nombre d’entreprises cotées en Bourse, en programment achats et ventes d’actions selon les calendriers de détachement du coupon et la générosité des Conseils d’Administration vis à vis de leurs actionnaires.

On le comprend bien, cette pratique n’apporte strictement rien aux sociétés dont les actions sont ainsi achetées et revendues à brève échéance : il ne s’agit pas ici d’investissement et de participation à la croissance des entreprises, mais uniquement d’opérations spéculatives permettant d’alimenter différents produits financiers vendus par les banquiers et les assureurs.

L’opération de la Société Générale lui aura permis de capter, en quelques jours, plus de 100 millions d’euros.

Les actionnaires stables de l’entreprise en verront l’impact sur la cote de l’action : elle baisse déjà mécaniquement à chaque distribution de coupon, et la remise en vente d’un nombre significatif d’actions sur le marché, alors qu’il n’y a plus de bénéficie immédiat à en tirer, ne fait qu’accentuer la chute du cours, et donc dégrade le capital des actionnaires fidèles qui gardent leurs actions en portefeuille, qu’ils soient notamment salariés de l’entreprise, ou simples particuliers « petits porteurs ». L’entreprise France Télécom-Orange n’y a strictement rien gagné, elle subit au contraire une nouvelle baisse de sa capitalisation boursière.

Bien sûr, le fait de distribuer un dividende conséquent, en particulier au regard du prix unitaire de l’action, ne fait qu’inciter davantage d’acteurs financiers à monter ce type d’achats / reventes, et n’alimente donc que la pure spéculation.

C’est ce que nous tentons de faire comprendre à tous les actionnaires de l’entreprise. Cette année, près de 15% l’ont compris, qui ont voté en faveur de la résolution « A », proposant de ramener le dividende à 1 euro par action au lieu de 1,40 euro. Malheureusement, ni l’Etat (alors que notre nouveau Président de la République avait annoncé vouloir se battre contre la spéculation), ni les actionnaires qui s’insurgent des positions exprimées par les représentants des salariés actionnaires, ne semblent recevoir ce message.

L’ADEAS le disait dans son premier communiqué de presse, en 2009 : « si on tue la poule, il n’y aura plus d’œuf ». Il nous reste visiblement du chemin à parcourir pour faire entendre ce message de bon sens. Mais, forts notamment d’une mobilisation sans précédent de nos militants et sympathisants lors de l’AG 2012, nous poursuivrons notre démarche. Car ce qui nous importe en priorité, c’est la pérennité de l’entreprise, et les emplois à préserver ou à créer pour le bien de la collectivité. Il y a urgence, et nous ne pouvons que déplorer ce premier faux pas économique du nouveau gouvernement, mais nous ne baissons pas les bras.

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