ORP Together 2021 : victime de son succès !

par Stéphane Gouriou le 20/10/2021

Catégories: En pratique, L'action de l'ADEAS | Tags: , , | Permalink | 4 commentaires

Les premiers chiffres concernant la souscription à l’offre réservée au personnel (ORP) Together 2021 à l’issue de la période de réservation sont maintenant connus.

Près de 48 000 salariés (soit 56 % des salariés éligibles) ont souscrit à cette ORP en France et un peu plus de 10 000 à l’international (19 % des salariés).

La CFE-CGC et l’ADEAS avaient demandé et obtenu que cette offre soit généreuse pour le personnel, et utilise tous les leviers de la Loi Pacte en France, dont l’abondement unilatéral pour toutes et tous, mais aussi  la décote de 30% et des abondements incitatifs

Cela a rendu l’opération plus attractive que les précédentes : si l’on compare par rapport à la dernière ORP (Orange Ambition 2016), le nombre de souscripteurs, le taux de souscription et l’apport personnel sont tous en progression.

Nombre de souscripteurs en France et à l’étranger pour Together 2021 :

Comme nous l’avions pressenti, réserver la souscription des retraités à celles et ceux qui avaient encore des avoirs dans le PEG d’Orange favorisait les plus aisés. La comparaison de l’apport personnel moyen le confirme. Cela ne va pas dans le sens de l’équité que nous avons revendiqué.

Le montant maximum pour l’achat des actions proposées à la souscription dans le cadre de cette ORP était fixé à 260 millions d’euros. Après décote de 30 %, la souscription globale  maximum est donc plafonnée à 182 millions d’euros. Avec plus de 346 millions d’euros de réservations, cette ORP a été sur-souscrite à plus du double (2,1).

Tous les souscripteurs ne seront donc pas servis à la hauteur de leur demande.

Il y aura bien une réduction ou écrêtage des souscriptions

Compte tenu des informations dont nous disposons à date, l’apport individuel sera vraisemblablement écrêté aux alentours du maximum de la Tranche 1 d’abondement.

Pour rappel voici le tableau de répartition de l’abondement qui était proposé dans le cadre de cette ORP :

Avec un plafond d’écrêtage à 1 300 euros et un prix moyen de l’action à 9,45 (soit 6,61 euros après décote), la souscription maximale par personne serait donc telle que décrite dans le tableau ci-dessous (pour les personnels en activité bénéficiant de l’abondement) :

Si on valorise le nombre de titres obtenus au prix moyen de 9,45 euros, le portefeuille maximal obtenu vaudra 4 050,14 euros soit un gain potentiel de 2750,14 euros (hors CSG/CRDS) au moment de la souscription.

Quoiqu’il en soit, cette réduction décevra évidemment celles et ceux qui avaient réservé davantage d’actions : c’est déjà ce que les mieux informés nous murmurent dans les couloirs.

Que retenir à cette étape ?

Nos actions sur le terrain ont montré une forte attente du personnel pour ce genre d’opération. Vous avez été plus de 2 500 à assister à nos réunions d’information sur le sujet et nous vous remercions de la confiance que vous nous avez témoignée.

Le succès global de cette ORP ne doit pas cacher une forte disparité entre les personnels. Certes une partie de nos collègues a souscrit massivement mais il reste 44 % de salariés qui n’ont pas adhéré à cette ORP.
Une grande partie des salariés dans ce cas, rencontrés sur le terrain, nous ont confié ne pas avoir suffisamment d’épargne ou de revenus pour pouvoir profiter des conditions de l’offre.
Ces personnels ne doivent pas être oubliés et cela passe par une politique salariale plus juste, avec notamment un meilleur taux d’augmentation du salaire fixe pour les salaires les plus modestes.

Cette ORP a été réalisée suite à la restitution fiscale de 2,2 Milliards d’euros intervenue fin 2020, qui, selon la Direction, a seule permis de la réaliser.

À cette occasion, 500 millions d’euros ont été rendus aux actionnaires en dividende additionnel (voir présentation des résultats 2020 page 28), alors que l’ORP coûtera moins de 200 millions d’euros à l’entreprise (coût de la décote et des abondements versés par l’employeur).

Outre que le montant maximum proposé est trop faible au regard de ce qui a été redistribué aux actionnaires et de l’attente des personnels (auxquels aucune ORP n’avait été proposée depuis 5 ans), nous rappelons que les ORP ne sauraient être liées à des événements de trésorerie exceptionnels : elles constituent une part du partage de la valeur créée entre les salariés, l’entreprise et les actionnaires.

La CFE-CGC Orange et l’ADEAS demandent donc qu’au vu du succès de l’opération :

  • Le budget initialement prévu soit révisé à la hausse pour limiter l’écrêtage des demandes ;
  • Une nouvelle ORP soit organisée dès l’an prochain, afin d’atteindre au plus vite la promesse de faire monter les salariés à 10 % du capital d’Orange, qui rappelons-le était un objectif du plan « Essentiel2020 ».

Rappelons aussi que les LTIP (Long Term Incentive Plans) qui permettent de distribuer des actions gratuites aux 1 200 cadres dirigeants de l’entreprise sont reconduits chaque année. L’équité demande donc que des ORP ou des AGA soient également organisées au même rythme.

Et la suite ?

Voici les prochaines échéances concernant l’ORP Together 2021 :

  • Le 3 novembre  le prix de souscription sera connu. Cela  permettra à ceux qui le veulent de se rétracter entre le 4 et le 8 novembre. Nos abonnés recevront un flash épargne pour leur rappeler les modalités de rétractation : si vous n’êtes pas encore abonné-e à nos publications, il est encore temps de le faire.
  • Le 10 novembre,  on connaitra le niveau d’écrêtage et le 18 novembre chacun recevra sa notification individuelle après réduction éventuelle de sa souscription.
  • Le 25 novembre aura lieu le prélèvement au comptant ou la première échéance pour un paiement en 4 fois sans frais
  • La livraison des parts dans le PEG se fera le 1er décembre.

Nous vous restituerons un bilan définitif de l’opération dans un prochain numéro de notre Lettre de l’épargne et de l’actionnariat salariés.

4 commentaires pour “ORP Together 2021 : victime de son succès !

  1. Pierre a dit :

    Bonjour à vous je suis d’accord sur le fait que les moins argentés des retraités n aient pas ouvert ou conservé de Peg et donc injuste qu ils soient exclus de l orp mais n oublier pas que par conviction certains de ces ex salariés étaient contre l actionnariat et de mauvaise foi « réclament « aujourd’hui !!

    • Hélène Marcy a dit :

      Bonjour Pierre,
      Ce que nous défendons, c’est l’équité d’accès, plus qu’une simple réaction à d’éventuelles réclamations.
      Après, chacun fait ce qu’il veut en matière d’épargne et d’actionnariat salariés, nous n’avons pas de jugement sur le sujet, nous considérons que notre rôle est d’abord la défense de l’intérêt collectif et de l’équité, et la communication la plus pédagogique possible pour que chacune et chacun puisse faire des choix éclairés, en fonction de sa situation, de ses projets et de ses convictions personnelles.
      Bonne journée.

  2. Rialland a dit :

    Bonjour
    Très surprenant votre remarque sur les retraités .
    Je rappel que cette ORP découle du remboursement d’impôts sur une période pour laquelle je suppose un grand nombre de retraité était encore en activité et si le groupe Orange est devenu un grand groupe c’est également du au travail et à la mobilisation de ces anciens salarié , notamment lors de période de forte transformation du groupe
    Donc , merci de ne pas opposer actif et retraité, à moins que cela soit à des fins électoralistes puisque la majorite des retraités vote plus Aasgo .
    Un grand groupe se juge également sur le respect de ses anciens salariés.

    • Hélène Marcy a dit :

      Bonjour Lucien,
      Si vous nous lisez bien, ce que nous avons critiqué et soulevé, c’est que TOUS les retraités n’aient pas eu accès à l’ORP, mais seulement ceux qui avaient conservé des avoirs dans le PEG. Pour nous, l’équité, c’est tous les retraites ou aucun mais pas seulement les plus aisés.
      Nous restons également vigilants à ce que les personnels qui sont toujours en activité, et qui sont particulièrement mis sous pression actuellement, avec notamment des augmentations salariales en berne depuis plusieurs années et de sévères restrictions d’effectifs, soient le mieux traités possible, car sans leur engagement actuel, il n’y aurait plus rien à partager.